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La crise empire, les humanitaires sonnent l’alarme
Dimanche 25 septembre 2005
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SWAZILAND: La crise empire, les humanitaires sonnent l’alarme


[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]



©  IRIN

Plus d'un quart de la population swazie dépend de l'aide alimentaire

MBABANE, 2 mars (PLUSNEWS) - Les agences humanitaires ont mis en garde l’opinion publique sur l’aggravation de la crise au Swaziland, causée par la sécheresse et aggravée par l’épidémie de sida.

"L’insécurité alimentaire va continuer de progresser ces douze prochains mois, les gens ne produisent pas assez. Plusieurs catégories de population, notamment les vieilles personnes, vont dépendre de l’aide alimentaire", a dit à PlusNews Abdoulaye Baldé, le représentant local du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM).

Baldé faisait partie d’une forte délégation composée de représentants du gouvernement, des institutions des Nations Unies et des ONG, en tournée la semaine dernière dans le sud-est du Swaziland, une zone très touchée par la sécheresse. Le pays entre dans sa quatrième année consécutive de sécheresse.

Accompagné par l’adjoint du premier ministre Albert Shabangu, les officiels ont visité des foyers où des enfants sont chefs de famille sur la frontière avec le Mozambique, ainsi que des centres d’approvisionnement alimentaire, des cantines scolaires et des villages de solidarité communautaire, qui donnent à manger à un nombre grandissant d’orphelins et d’enfants vulnérables (OEV).

Plus de 260 000 personnes - plus du quart de la population swazi - reçoivent ce type d’assistance alimentaire. La délégation s’est rendue compte que 70 pour cent des récoltes de mais ont été détruites par la sécheresse en février, mettant fin aux espoirs d’une bonne récolte. Le coton, une plante résistante à la sécheresse, n’a pas non plus rempli toutes ses promesses, a expliqué la délégation.

Shabangu a dit que la crise pourrait être jugulée à condition de mettre en place des stratégies novatrices. En tant qu’adjoint du Premier ministre et ancien paysan, il a lancé un appel pour l’amélioration de la technologie agricole et la diversification des récoltes.

"Le ministère de l’Agriculture demande aux paysans de cultiver le sorgho, je n’ai vu aucun champ de sorgho. Je peux aussi vous dire que ces champs de mais viennent des semences qu’utilisaient nos grands-parents. [Ces semences sont] bonnes quand il pleut beaucoup… mais avec les sols d’aujourd’hui, on ne récolte rien sans engrais. Vous pouvez reconnaître les champs qui sont cultivés sans engrais : le mais est rabougri".

Au centre d’approvisionnement alimentaire de Shewula, dans le Swaziland oriental, l’un des centaines de centres où les repas de mais et l’huile de cuisine du PAM sont distribués aux plus pauvres, Shabangu a posé des questions aux femmes sur les situation agricoles de la région.

"Elle m’ont dit qu’elles n’ont ni bœufs ni argent pour louer des tracteurs ou pour acheter de l’engrais. J’en ai conclu que nous pouvons avoir des pluies abondantes dans les années à venir, mais si nous n’avons pas d’argent pour les semences, l’engrais et les tracteurs nous n’aurons toujours pas de récoltes abondantes", a dit Shabangu.

Dans un pays où le taux de prévalence au VIH est le plus élevé au monde, le sida est un facteur qui affecte la production agricole. Le nombre de paysans dans les zones montagneuses du nord et les zones irriguées a considérablement baissé à cause, dit-on, de la pandémie.

Dix pour cent des chefs de famille du pays sont des enfants qui ont perdu leurs parents à cause du virus, notamment en milieu rural. Plus de 40 pour cent des familles sont entretenues par des femmes, qui gagnent moins que les hommes - quand elles travaillent.

Soulignant que la plupart des bénévoles qui travaillent dans des projets de développement communautaire et des centres de distribution alimentaire sont des femmes, Baldé du PAM dit qu’"on entend toujours que le Swaziland est un pays phallocrate, mais il est clair que c’est une priorité d’associer les femmes à toutes les initiatives novatrices".

Parmi les 40 pour cent d’enfants âgés de mois de cinq ans et qui montrent des signes de malnutrition chronique, la délégation a rencontré un garçon de cinq ans au ventre gonflé, le petit frère de Joyce Maziya, elle-même âgée de 15 ans avec six frères et sœurs à sa charge.

"Je ne connais pas la distance qui nous sépare de l’école mais il faut que je parte de la maison à cinq heures du matin. Quand je reviens, il fait déjà nuit. Je dois cuisiner et balayer pour mes frères et sœurs. Je n’ai pas le temps pour les amener à la clinique : nous sommes seuls", a dit Joyce aux membres de la délégation.

Le docteur Derek von Wissel, le directeur du comité national d’urgence de lutte contre le VIH/SIDA (Nercha), l’institution qui gère le financement des activités des ONG via les fonds du Fonds mondial, du gouvernement et des bailleurs de fonds, a dit qu’environ 413 millions de dollars seraient nécessaires pour construire des locaux modernes pour accueillir les quelques 120 000 orphelins du sida attendus en 2010, une somme que l’Etat ne possède pas.

"Mais il y a des choses qui marchent », a dit von Wissell. «Les chefs swazis cultivent 183 champs pour venir en aide aux OEV. Les chefs et les communautés admettent qu’ils ont une responsabilité vis-à-vis d’eux", a-t-il dit.

Daniel Maduna, le coordonnateur de l’aide allouée au Swaziland par l’organisation humanitaire World Vision, a dit que la situation causée par la sécheresse est en train d’être résolue avec l’installation de forages.

"Nous avons creusé des centaines de puits avec 65 pour cent de taux de réussite. C’est une solution provisoire mais qui est jusqu’ici très efficace. La solution à long terme serait d’installer des tuyaux provenant des points de captage d’eau comme les barrages, et les installations d’irrigation ", a dit Maduna, lui même ingénieur hydraulique de formation.

L’ironie du sort, c’est que les projets de développement conçus pour combattre la sécheresse sont eux-mêmes confrontés à un cruel manque d’eau.

"Nous nous sommes rendus compte que les gens ne peuvent même pas se rendre aux réunions de développement communautaire parce qu’ils vont chercher de l’eau, de la nourriture et des denrées de première nécessité. Pour que les projets atteignent leur objectifs, ils doivent venir des populations, qui développent un sentiment d’appartenance et en prennent soin ", a dit Maduna.

Mduduzi Dlamini, qui dirige un programme eau au sein du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), partage ce point de vue. "Partout l’eau reste le problème majeur. Nous avons parlé à une femme qui s’occupe d’assistance communautaire pour 40 enfants. Chaque jour, elle passe deux heures à puiser 20 litres d’eau, qu’elle porte sur la tête et qui ne sont toujours pas suffisant pour elle et tous les enfants".

Une initiative de l’Unicef demande qu’on substitue les pompes de forage électriques par un système de collecte des eaux de pluie qui ruissellent des toits. "Mais cela ne marchera qu’avec les structures comme les écoles qui ont des toits larges…. Et il ne pleut pas", a dit Dlamini.

Shabangu a remercié les agences humanitaires qui interviennent dans le royaume pour avoir sauver des vies que le gouvernement n’aurait pu sauver.

"Sans l’intervention du PAM, de NERCHA et des autres, il n’y aurait plus de gouvernement. Je serais seul face aux populations et elles m’auraient jeté dehors", a-t-il dit. "Quand les gens sont désespérés, ils sont très dangereux ".

[FIN]




 
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