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Les centres intégrés, une solution pour la prise en charge des personnes infectées
Lundi 25 avril 2005
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AFRIQUE DE L OUEST: Les centres intégrés, une solution pour la prise en charge des personnes infectées


[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]



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L’hôpital de Nzérékoré, en Guinée, est incapable de prendre en charge les personnes vivant avec le VIH, alors que la région forestière est la plus affectée par l’épidémie

DAKAR, 19 avril (PLUSNEWS) - Les centres intégrés offrant soins, écoute et conseils peuvent faciliter la prise en charge médicale et psychologique des personnes vivant avec le VIH/SIDA en Afrique de l’Ouest et du centre, des régions où l’accès aux traitements est encore très faible, selon des professionnels de la santé.

«Dans certains pays, les centres intégrés qui associent un hôpital de jour et un espace communautaire et familial ont remarquablement bien marché», a dit à PlusNews Philippe Msellati, chercheur sur le VIH/SIDA chez la femme et l’enfant à l’Institut de recherche et de développement (IRD) et basé à Bobo Dioulasso, au Burkina Faso.

Qu’ils soient mis en place par la Croix Rouge française (CRF), comme la dizaine de centres de traitement ambulatoire (CTA) installée en Afrique, ou par des professionnels locaux de la santé, les centres intégrés rassemblent dans un même lieu le dépistage et des espaces de dialogue et d’hospitalisation de jour pour assurer la prise en charge médicale, psychosociale, nutritionnelle et communautaire des personnes vivant avec le VIH.

«C’est certainement l’une des voies à explorer, une des pistes pour une meilleure prise en charge des personnes infectées», a-t-il dit.

Venant en appui aux infrastructures hospitalières nationales, le CTA de Dakar, au cœur de la très animée capitale sénégalaise, offre un cadre paisible aux patients, séropositifs ou non. Assis sur des bancs dans le jardin ombragé, ils attendent d’être reçu par des médecins et des psychologues détachés du service public.

«Il est indispensable d’avoir une structure à taille humaine», a affirmé le docteur Ndeye Fatou Gueye, la jeune et dynamique coordinatrice du centre. Comme la plupart des centres intégrés existants, ce CTA est installé dans l’enceinte de l’un des principaux hôpitaux de la ville, l’établissement universitaire de Dakar-Fann.

Les personnes venues se faire dépister ou consultant pour une infection sexuellement transmissible (IST) sont accompagnées dans les différentes étapes de leur prise en charge par une équipe pluridisciplinaire, des professionnels nationaux qui les conseillent et leur proposent une prise en charge en cas de sérologie positive.

Les antirétroviraux (ARV) qui améliorent les conditions de vie des personnes vivant avec le virus ainsi que les traitements pour les maladies opportunistes sont administrés à ceux qui en ont besoin, comme les conseils nutritionnels et l’appui psychologique.

«Nous assurons une prise en charge globale des personnes vivant avec le VIH/SIDA», a dit le docteur Gueye. Avec 40 à 50 consultations par jour, le CTA enregistre 30 nouveaux cas d'infection au VIH/SIDA tous les mois, a-t-elle précisé.

Quelques 2 200 personnes sont actuellement suivies par l’équipe médicale du CTA qui, à l’aide de financements américains, parvient à soigner d’autres pathologies infectieuses par souci de ne pas stigmatiser les personnes infectées par le virus et d’ouvrir le centre sur l’extérieur.

«L’avantage du CTA est d’offrir dans un même espace géographique les prélèvements sanguins, les examens cliniques, les traitements antirétroviraux et les conseils», a affirmé Abdallah Horma, le secrétaire exécutif du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) en Mauritanie. «Le CTA est un service adéquat parce que les patients y trouvent tout», a-t-il ajouté.

Nouakchott a ouvert son premier centre intégré de prise en charge et d’accueil des personnes séropositives en décembre, au coeur du centre hospitalier de la capitale mauritanienne, un lieu banalisé “où tout a été fait pour que les patients se sentent à l’aise”, selon Houssein ould Sid’Ahmed, le responsable de l’ONG Espoir et Vie.

Pour le professeur Marc Gentilini, le président de la CRF, soigner les personnes qui vivent avec le VIH n’est pas une question de financements mais de structures d’accueil et de distribution des traitements.

«Ce qui est insuffisant en Afrique, ce sont les conditions de prise en charge des malades, de leur suivi, de l’évaluation des résultats : il n’y a pas assez de structures capables de les suivre de façon rigoureuse», a dit Gentilini à PlusNews en décembre, alors qu’il se trouvait à Nouakchott pour l’inauguration du CTA.

L’Afrique de l’Ouest et centrale fait face à un manque criant d’infrastructures médicales et hospitalières ainsi que de personnel qualifié pour la prescription des traitements et le suivi des personnes infectées par le virus. Dans les pays qui sortent de conflits, comme le Liberia, la Sierra Leone ou la Côte d’Ivoire, ou qui les vivent comme la République démocratique du Congo, la plupart de ces établissements a été détruite et les médecins ont fui les zones instables.

Au Nigeria, le troisième pays le plus infecté au monde en terme du nombre de personnes vivant avec le VIH, l’absence de centres alternatifs de prise en charge poussent des milliers de patients vers les médecines alternatives, a estimé le docteur Jordan Bako, le coordinateur du réseau chrétien de la santé (CHN) dans ce pays le plus peuplé d’Afrique.

«C’est parce que nos patients n’ont pas accès à tous les soins sur place qu’ils préfèrent se tourner vers la médecine traditionnelle», a dit Kabo à PlusNews. Selon lui, les services intégrés sont un gain de temps et d’argent pour les personnes qui vivent avec le virus.

«Aujourd’hui qui dit soins médicaux dit coût», a t-il ajouté.

C’est aussi ce que pense Aliou Sylla, le directeur du centre d’écoute, de soins et de conseils aux personnes séropositives de Bamako, Cesac. Dans cet établissement de la capitale malienne, 1 500 personnes sont sous traitement antirétroviral (les ARV sont gratuits au Mali) et 14 000 séropositifs bénéficient d’un suivi.

«En 1996, nous avons ouvert ce centre pour donner le maximum de services aux patients. C’est plus rentable pour eux, ne serait-ce qu’en raison des frais de transport», a dit à PlusNews Aliou Sylla. «Le service intégré est le meilleur des choix», a-t-il ajouté.

Une prise en charge à moindre coût pour les patients

Les soins et les traitements administrés dans les centres intégrés ne sont pas gratuits pour autant et les personnes prises en charge doivent participer aux frais. En fonction de la nature des programmes nationaux et des fonds propres des centres, le patient aura à acheter, ou non, ses ARV et les médicaments pour les maladies opportunistes et les IST.

Ainsi si depuis 2004 le centre Henry Dunant de Yaoundé, la capitale du Cameroun, vend les ARV à ses patients c’est pour améliorer ses fonds propres et maintenir ses actions auprès des populations exposées à l’infection.

La Croix Rouge camerounaise prend en charge 250 travailleuses du sexe dans le cadre de projet de «Filles libres», mais 1 500 prostituées et leurs clients sont visées par les humanitaires à Yaoundé, Douala dans la province du littoral, Ngandéré et Maroua, à l’extrême nord du pays.

«Nous vendons les trithérapies à un prix plus accessible que sur le marché local, cela nous permettra de pérenniser cette action dans le long terme», a expliqué Thierry Ndong, de la Croix Rouge camerounaise. «Les femmes que nous assistons mènent des activités génératrices de revenus qui leur permettront plus tard de subvenir à leurs besoins».

Mieux, les centres de soins et de prise en charge intégrés peuvent contribuer à réduire la stigmatisation dont souffrent les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA, selon ces professionnels de la santé.

«Le service intégré réduit la stigmatisation», a affirmé Sylla, du Cesac. «Notre centre est en plein cœur de Bamako, près du grand marché. Or le nombre de patients est passé de 2 500 à 3 700 par an parce que nous offrons tous les services sur place» a-t-il dit.

Selon Sylla, ce qui est stigmatisant pour une personne séropositive est de se rendre dans différents hôpitaux pour bénéficier des soins et d’une prise en charge.

Si le docteur Ngagne Mbaye, coordinateur du centre de dépistage volontaire et anonyme de Pikine Guediawaye, dans la banlieue de Dakar, estime que le fait de regrouper des personnes infectées engendrerait plus de stigmatisation, le docteur Kabo, au Nigeria, pense que «ce n’est rien comparé aux avantages offerts».

La stigmatisation est un passage obligé, a estimé le Mauritanien Abdallah Horma, avant d’ajouter que «le centre finit par se distinguer grâce à la qualité des soins qu’il prodigue. Si le patient bénéficie de tous les soins sur place, ça vaut le coût».

Bien que le concept ait fait ses preuves, le problème majeur demeure la pérennisation des centres dans les banlieues urbaines où ils prospèrent.

Selon la CRF, la mise en place d’un CTA coûte entre 170 000 et 274 000 dollars, et presqu’autant pour son fonctionnement compris entre 130 000 et 326 000 dollars par an.

«Aujourd’hui les fonds dont nous disposons servent uniquement au lancement des projets, le gouvernement ne peut pas aider à pérenniser de telles actions faute de volonté politique», a dit le docteur Jordan Bako du Nigeria.

Pourtant, ces professionnels de la santé préconisent une prise en charge progressive par les Etats afin de permettre à ces centres de survivre après l’épuisement des financements extérieurs ou le retrait des partenaires étrangers.

«L’Etat doit prendre les centres en charge parce que la santé est un droit», a dit Sylla à Bamako.

En Mauritanie, le financement du CTA est assuré à 75 pour cent par l’Etat, selon Abdallah Horma du CNLS. «La Croix Rouge participe à titre symbolique et le gouvernement est majoritaire, le centre est devenu un outil national», a-t-il dit.

Il a ajouté que les hôpitaux restent indispensables, ne serait-ce que pour offrir des séjours plus longs aux patients et pour permettre à ceux qui vivent en zone rurale de bénéficier de soins et de traitements adéquats.

Selon Guillaume Adam de la CRF, les CTA ne sont pas adaptés au monde rural dans la mesure où un environnement hospitalier est nécessaire pour développer des synergies et éviter toute stigmatisation des patients.

«Le service intégré est très coûteux et il ne faut pas oublier qu’il n’est pas conçu pour l’hospitalisation de longue durée. D’autres structures hospitalières sont indispensables», a précisé Horma.

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