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CÔTE D IVOIRE: Un logiciel pour en finir avec les ruptures d’antirétroviraux


[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]



©  IRIN

Les stocks d’antirétroviraux pourront désormais être mieux contrôlés

ABIDJAN, 9 septembre (PLUSNEWS) - L’utilisation d’un logiciel de gestion des stocks de médicaments pourrait contribuer à améliorer la prise en charge thérapeutique des personnes vivant avec le VIH, affectées par des ruptures régulières d’antirétroviraux, selon les acteurs de la lutte contre le VIH/SIDA en Côte d’Ivoire.

Un «logiciel de gestion sera utilisé par la pharmacie de santé publique (PSP) et les centres de prise en charge» a dit Monica Nolan, la directrice du projet Retro-CI supporté par le Centre américain pour le contrôle et la prévention des infections (CDC en anglais) et qui finance depuis 2000 des programmes de prévention et de prise en charge des personnes vivant avec le virus, en collaboration avec les autorités et les ONG locales.

Ce logiciel, acheté grâce aux financements internationaux accordés à la Côte d’Ivoire, permettra dès ce mois de septembre de connaître avec exactitude le volume d’ARV déjà distribué et de mieux gérer le stock de médicaments restant à la PSP, la centrale d’achats des médicaments qui approvisionne les structures de santé publique, a dit Mme Nolan.

En Côte d’Ivoire, ces bailleurs de fonds sont aujourd’hui le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui a accordé en 2003 un financement de 18 millions de dollars sur deux ans, et le Pepfar, le plan d’urgence du président George Bush contre le sida, qui a débloqué 14 millions de dollars sur cinq ans, avec comme objectif de mettre 77 000 personnes sous ARV en Côte d’Ivoire d’ici 2008.

Selon Hélène Mémain, en charge de la prise en charge thérapeutique des personnes vivant avec le VIH/SIDA au ministère ivoirien de la Santé, des gestionnaires et des pharmaciens ont également été formés pour prescrire les ARV centralisés par la Pharmacie de la santé publique (PSP).

Mme Mémain a également insisté sur la nécessité de maintenir un stock de précaution de six mois à la PSP et de deux mois dans les structures de prise en charge afin d’éviter que ces ruptures se répètent.

«Nous espérons que cette initiative va réussir et qu’il n’y aura plus de ruptures», a dit Agnès Kouassi, l’une des responsables d’Amepouh, une association de femmes vivant avec le VIH.

Absence de planification dans la gestion des stocks

Début juin, la directrice de la PSP, le docteur Doussou Souaré, avait expliqué à PlusNews que de longs délais de décaissement des fonds, de commande et de livraison des médicaments imposaient de disposer d’un minimum de six mois de stock.

Or, avait-elle dit, “pour certaines molécules, nous avons actuellement moins de deux mois de stock, tandis que d’autres manquent carrément”.

Pour les autorités ivoiriennes et leurs partenaires, ce sont l’absence de planification des stocks et le manque de coordination entre les différents centres de prise en charge qui sont responsable de ces ruptures, qui affectent la vie des milliers de personnes sous traitement.

«Nous n’avons pas tenu compte des nouveaux centres de prise en charge qui allaient s’ouvrir au cours de l’année», a dit Mme Memain, du ministère de la Santé, qui a déploré que les commandes d’ARV n’aient pas accompagné l’augmentation du nombre de personnes mises sous traitement.

Quelque 51 centres de santé prennent en charge les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA dans 14 des 19 régions du pays, et les autorités comptent en ouvrir 17 de plus d’ici la fin de l’année.

Moyennant 5 000 francs CFA (9,5 dollars américains) par trimestre, 12 000 personnes recevraient actuellement un traitement antirétroviral en Côte d’Ivoire, selon Hélène Mémain.

«Il y avait également un manque de coordination des schémas thérapeutiques et certaines molécules étaient en rupture de stock», a-t-elle poursuivi.

Ainsi, certaines molécules s’accumulaient dans certains centres de traitement, tandis que d’autres manquaient cruellement. «Les ruptures étaient artificielles», a dit Ambroise Able Ekissi, du ministère de la Lutte contre le sida.

«Alors qu’au niveau central on notait des ruptures, dans certaines structures régionales il y avait des stocks d’ARV. C’était un problème de coordination», a t-il expliqué, ajoutant «qu’aujourd'hui, on ne parle plus de ruptures de médicaments en Côte d'Ivoire».

Des associations de lutte contre le VIH/SIDA à Abidjan ont confirmé à PlusNews que les centres de prise en charge avaient effectivement été réapprovisionnés en molécules.

“Tout est là, tous les médicaments sont revenus”, a dit Marius Boka, le président de l’ONG Ruban Rouge.

Les activistes en Côte d’Ivoire avaient sonné l’alarme dès le début de l’année, s’insurgeant contre le fait que certaines molécules étaient prescrites au compte-goutte.

Selon la PSP, certains médicaments non-génériques, dits de spécialité, manquaient, alors qu'un générique tel que la Triomune, un médicament qui associe trois antirétroviraux génériques commandé par le Fonds mondial, était disponible en grandes quantités.

Pour la PSP et les acteurs de la lutte contre l’épidémie, le non-respect du protocole thérapeutique est une des causes de rupture d’approvisionnement en ARV.

“Les médecins prescrivent comme ils veulent”, avait dénoncé la directrice de la PSP en juin, une explication qu’avait admis le ministre de la Santé Albert Toikeusse Mabri, en faveur de sanctions contre les médecins qui iront à l’encontre du protocole thérapeutique national, mis en place en 2004.

Malgré ce protocole, en effet, des médecins ont continué à prescrire les molécules de spécialité (financé par le programme Pepfar et destinées aux anciens patients), par manque d’information selon les autorités, par “défiance” vis-à-vis des génériques ou bien influencés par le “lobby pharmaceutique international”, selon la commission nord-sud de l’association française Act Up.

«A un moment donné, il y a eu beaucoup de Triomune, alors que les patients n’en avaient pas besoin », a dit Isabelle Ansou, directrice exécutive de l’organisation non gouvernementale Ruban Rouge.

«Nous espérons cette fois que la PSP et les décideurs tiendront compte des besoins des personnes vivant avec le VIH/SIDA», a-t-elle ajouté.

[FIN]




 
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