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RDC: La distribution d’ARV contre le sida compromise par la guerre


[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]



©  IRIN

Le conflit a jeté sur les routes des centaines de milliers de déplacés et de réfugiés qui tentaient de fuir les hostilités

KINSHASA, 24 février (PLUSNEWS) - Moins de un pour cent des personnes qui vivent avec le VIH/SIDA reçoivent un traitement antirétroviral en République démocratique du Congo (RDC), faute de moyens pour acheter les médicaments ou accéder aux centres de distribution dans un pays déchiré par six années de guerre.

Selon le docteur Jacques Kokolomani, qui dirige le programme national de lutte contre le sida, près de trois millions de personnes, sur une population totale de 58 millions, vivraient avec le VIH en RDC, soit un taux d’infection de cinq pour cent.

“Mais le nombre des personnes éligibles au traitement aux ARV est évalué à 400 000 alors que seules 4 000 d’entre elles bénéficient réellement des antirétroviraux», a dit Kokolomani à PlusNews.

Pour le responsable du PNLS, les six années de guerre et les conflits latents entre factions armées, notamment à la frontière Est avec l’Ouganda, sont largement responsables du retard pris par les autorités dans la lutte contre le VIH/SIDA.

«A cause de la guerre, nous n’avons pas pu démarrer les deux grands programmes de distribution gratuite. Les ARV que les gens prennent, ils les achètent», a dit Kokolomani.

Le coût des traitements varie entre 29 et 40 dollars par mois, selon que le patient vit à l’est ou à l’ouest du pays. L’ouest est plus éloigné des centres d’approvisionnement que le Kivu et est plus difficile d’accès.

Néanmoins, les autorités se sont déclarées prêtes à relancer la lutte contre le VIH/SIDA après que les bailleurs de fonds aient mobilisé l’année dernière un premier financement de 137 millions de dollars, à utiliser au cours des cinq prochaines années.

La Banque mondiale, via un prêt de 102 millions de dollars accordé en mars dernier, a soutenu la mise en place d’un plan national d’action stratégique, qui parie sur la mise sous traitement de 20 000 à 25 000 personnes d’ici 2009.

De son côté, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a approuvé en septembre un premier financement de 35 millions de dollars, qui devrait permettre à 15 000 personnes de bénéficier d’un traitement ARV à moindre coût.

Selon Kokolomani, le prix des ARV sera ensuite calculé à partir des revenus des patients.

Des populations trop pauvres pour acheter les traitements

Ce n’est pas ce que réclament les personnes vivant avec le VIH. Lors de la conférence nationale sur le VIH/SIDA et les infections sexuellement transmissibles, qui s’est tenue à Kinshasa du 16 au 19 février dernier, elles ont réclamé la gratuité des soins et des traitements.

«Nous demandons que le gouvernement soit pragmatique, qu’il rende concrète son initiative de traitement aux ARV en mettant gratuitement à disposition des trithérapies à tous les Congolais infectés”, a dit Jean Lukela, qui représente les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA à Kinshasa.

Lukela fait partie des 501 patients de MSF-Belgique, soignés gratuitement dans le centre de traitement ambulatoire (CTA) de Kinshasa.

«Avec une situation de crise généralisée comme celle-ci, les personnes qui vivent avec le virus sont en général sans emploi et extrêmement démunis : ils ne peuvent pas avoir accès aux ARV s’il faut les acheter”, a poursuivi Lukela. “Ceux qui peuvent le faire misent sur la charité de leurs proches, ce qui n’est pas soutenable à long terme. Or les traitements se prennent à vie.”

Les acteurs de la lutte contre le sida ont estimé que la situation était encore plus difficile pour les populations qui vivent hors de la capitale, notamment dans l’est du pays, secoué par des combats entre factions armées.

Kokolomani, du PNLS, a ainsi expliqué que la plupart des patients sous antirétroviraux vit à Kinshasa, la capitale, alors que le pays, grand comme 80 fois la Belgique, compte 11 provinces, très affectées par l’infection mais qui ne disposent pas de laboratoires pour réaliser les tests préalables à la mise sous traitement des personnes infectées.

“La guerre a empêché que nous formions du personnel médical pour les laboratoires de l’intérieur du pays, des structures qui sont par ailleurs sous-équipées”, a-t-il dit.

Ce conflit a jeté sur les routes des centaines de milliers de déplacés et de réfugiés qui tentaient de fuir les hostilités entre six armées étrangères et une vingtaine de mouvements armés. Quelques 3,5 millions de personnes ont péri au cours du conflit et des milliers d’autres ont été violées.

Dans l’est du pays, le viol demeure toujours une arme de guerre, selon les travailleurs humanitaires sur place qui affirment que malgré la signature des accords de paix en décembre 2002, les violences sexuelles n’ont pas cessé, de même que les combats, occasionnant de nouvelles vagues de réfugiés et de déplacés.

Selon les organisations humanitaires, ces viols massifs ont eu comme conséquence une augmentation du taux d’infection au VIH dans plusieurs agglomérations ou villages de l'est.

Le responsable de l’ONG locale Docs, le docteur Jacques Kalume, a ainsi estimé que le taux de prévalence parmi les femmes violées du Kivu atteignait 12 pour cent en 2004.

Ce taux est, d’après le PNLS, semblable à celui que l’on constate dans certaines grandes villes telles que Kisangani, Kindu, Goma et Bukavu. Mais les autorités estiment qu’en moyenne huit pour cent de la population de l’est du pays sont infectés par le VIH.

Les humanitaires pallient aux défaillances de l’Etat

Néanmoins, aucun mécanisme de distribution d’ARV et de prise en charge des patients n’a été mis en place par les autorités et seuls les humanitaires pourvoient aux besoins des personnes vivant avec le sida.

Ainsi, la branche néerlandaise de l’organisation Médecins sans frontières (MSF) distribue gratuitement des ARV à 1 220 personnes à Bukavu, le chef-lieu de la province du sud-Kivu.



Catherine Van Overloop, la coordinatrice du projet sida pour la branche belge de MSF a confirmé que les traitements étaient disponibles, quoiqu’en faibles quantités, à Kinshasa et dans les provinces du Kasaï oriental, du Katanga et du Bas-Congo.

«Mais ce n’est pas le cas à l’est, la région la plus touchée par la guerre et où le taux de prévalence est le plus élevé», a dit Van Overloop.

“Beaucoup de zones ne sont pas équipées. S’il y a des hôpitaux, ils ne fonctionnent plus ou alors il n’y a plus de matériel ni de médicaments et on ne peut pas y intégrer des soins pour les personnes infectées», a-t-elle ajouté.

MSF-Belgique fournit des antirétroviraux gratuits à quelque 500 personnes à Kinshasa, où un centre de traitement ambulatoire prend en charge les patients et leur entourage via un suivi des soins à domicile.

Selon Van Loop, ce programme pourra bientôt être étendu à 1 300 personnes. “Nous avons reçu l’autorisation d’accélérer notre programme”, a-t-elle dit à PlusNews.

Les prix des ARV sont prohibitifs pour les populations de RDC, l’un des pays les plus pauvres du monde selon le Programme des Nations Unies pour le développement. Dans son dernier rapport sur le développement humain, le PNUD plaçait la RDC au 167e rang sur une liste de 175 pays et ce en dépit de ses énormes potentialités humaines et naturelles.

Parce que les médicaments sont trop chers, des réseaux de distribution de faux ARV se sont mis en place dans les régions, notamment dans la province du Katanga, dans le sud-est du pays frontalier avec la Zambie et la Tanzanie.

“Ces ARV ont circulé, provoquant des décès parmi les gens mal informés qui achetaient de médicaments sans avoir passé les tests préalables”, a dit à PlusNews Jean-Baptiste Kalonji, le président de l’ordre des pharmaciens du Katanga, qui a ajouté avoir “saisi des produits chez des médecins et des malades.”

Pourtant, l’importation d’ARV est censée être assez réglementée en RDC, où une commission composée de membres du PNLS et du ministère de la Santé doit donner un avis technique préalable à toute importation de médicaments sur le territoire.

Le gouvernement s’est en outre engagé à annuler toutes les taxes sur ces produits, a précisé Kokolomani.

Mais les personnes qui vivent avec le sida se sont dites préoccupées par la pérennité des programmes de distribution d’ARV en RDC.

«Nous nous demandons ce qui va se passer à la fin de ces programmes”, a dit Lukela. “MSF offre des ARV gratuits pendant trois ans, les autres programmes durent cinq ans. Et après… Qu’allons-nous devenir, nous qui sommes sous traitement ?”



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