NIGERIA: La subvention du Fonds mondial contre le sida menacée
[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]
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L'inquiétude grandit face a l'éventualité d'une suspension des subventions du Fonds mondial au Nigeria
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ABUJA, 6 décembre (PLUSNEWS) - Les acteurs de la lutte contre le VIH/SIDA au Nigeria sont de plus en plus inquiets quant à la poursuite des financements accordés par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, hypothéquée par l’absence de résultats en faveur des quatre millions de personnes vivant avec le virus.
Le Mouvement pour l’action en faveur des traitements (TAM) au Nigeria a qualifié cette situation de “grande honte? pour le troisième pays le plus touché par la pandémie au monde en terme de personnes infectées, où “la nécessité d’accélérer la mise sous traitement est si aigüe?.
Le directeur du Comité national sur le sida (Naca), le professeur Babatunde Osotimehin, a expliqué mardi que les autorités attendaient la décision officielle du conseil d’administration du Fonds mondial, prévue dans une dizaine de jours, selon des responsables de l’institution internationale.
“Le Fonds mondial s’est interrogé sur la lenteur de la mise en place de nos programmes et de notre planification. Nous leur avons répondu mais nous ne connaissons pas encore leur décision?, a dit le professeur Osotimehin, au cours d’une conférence de presse en marge de la 14e Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles (Cisma), qu’accueille jusqu’à vendredi la capitale nigériane.
L’instance de coordination nationale du Fonds mondial (Country's Coordinating Mechanism ou CCM en anglais) a été blâmé par les activistes de TAM, conduits par Rolake Odetoyinbo, pour ne pas avoir surveillé l’action du Naca, le principal récipiendaire des financements, comme sa fonction l’exige.
Ils ont exigé que le chef de l’Etat Olusegun Obasanjo décide immédiatement de restructurer le CCM et le Naca pour éviter que la subvention soit annulée.
Les activistes demandent notamment que les structures les plus représentatives des personnes vivant avec le VIH/SIDA soient représentées au sein du CCM et puissent participer à la prise de décision de manière à améliorer significativement leurs conditions de vie et leur état de santé.
“Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre ces fonds à cause de l’inefficacité des membres du CCM, la plupart d’entre eux n’ayant même pas le mandat des groupes qu’ils sont censés représenter?, a commenté la militante Rolake Odetoyinbo.
Le Fonds mondial, un organisme de financement créé par les Nations unies en 2001, a octroyé en 2003 au Nigeria une subvention de 70 millions de dollars pour le financement de programmes de lutte contre le VIH/SIDA jusqu’en 2008. Une première tranche de 28 millions de dollars a été versée pour assurer leur exécution jusqu’en 2005.
Or, selon un courrier daté du 11 octobre et adressé au docteur Abdulsalami Nasidi, qui préside le CCM, le Comité technique d’examen des propositions du Fonds mondial s’est dit peu satisfait des performances du Nigeria.
Les inquiétudes du comité technique du Fonds mondial portent sur la mise en oeuvre des programmes prévus ainsi que sur la capacité du bénéficiaire principal de la subvention, à savoir le Naca, à atteindre les objectifs fixés.
Le Fonds mondial s’est également inquiété de la fiabilité des données fournies par le Naca, de la pertinence du système de suivi et d’évaluation pour la collecte et la vérification de ces données, de retards dans le compte-rendu de ses activités et de la lenteur du décaissement des financements.
Ainsi, l’augmentation du nombre de centres proposant un programme de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant afficherait un retard de six mois sur le calendrier prévu.
Un observateur de la lutte contre le sida en Afrique de l’Ouest confié à PlusNews mardi que « annuler cette subvention était le meilleur investissement à faire au Nigeria : ce pays est stable, il a des ressources humaines et de l’argent. Si le Fonds mondial rate aujourd’hui l’occasion de dire : ça suffit !, on ne pourra plus le faire avant dix ans».
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