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Mercredi 10 mai 2006
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AFRIQUE DU SUD: Tentatives pour calmer la polémique sur les dons de sang


[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]



©  IRIN

Les activistes ont accusé le SANBS de «pathologiser la communauté homosexuelle»

JOHANNESBOURG, 23 janvier (PLUSNEWS) - L’impact du VIH/SIDA a conduit l’Afrique du Sud à se préoccuper de la sécurité de ses transfusions sanguines mais des critères établis par les Services nationaux sud-africains du sang (SANBS, en anglais) pour garantir les lots sanguins font toujours l’objet de vives critiques.

L’année dernière, des révélations concernant certaines pratiques du SANBS avaient provoqué un véritable tollé: les services se débarrassaient des lots de sang provenant de donneurs noirs, arguant du fait qu’ils constitueraient une population à risque élevé d’infection au VIH.

Bien que cette politique, que la ministre de la Santé Manto Tshabalala-Msimang avait qualifiée de «relent de racisme», ait depuis été modifiée, c’est maintenant le questionnaire auquel sont soumis les donneurs du SANBS qui est au centre de toutes les attentions.

Parmi les questions posées aux éventuels donneurs masculins, l’une est destinée à savoir si le candidat a eu des relations sexuelles orales ou anales au cours des cinq dernières années. Si tel est le cas, le donneur potentiel est rejeté, en dépit des statistiques prouvant que ce sont les femmes qui sont les plus touchées par l’épidémie de sida en Afrique du Sud.

D’après le rapport épidémiologique 2005 du Programme commun des Nations unies sur le sida, Onusida, le taux de prévalence du VIH en Afrique du Sud continue à augmenter, en particulier parmi les femmes âgées de 25 à 43 ans. Plus d’une femme sur trois de cette tranche d’âge serait infectée par le virus, selon ces estimations.

Le questionnaire a suscité de nombreuses réactions des différents groupes sud-africains de défense des droits des homosexuels. Parmi eux, le Projet Triangle basé au Cap, à l’ouest du pays, a accusé le SANBS de choisir de «pathologiser la communauté homosexuelle» au lieu d’insister sur le risque que constituent les relations sexuelles anales, indépendamment de l’orientation sexuelle.

«Alors qu’il est généralement accepté que les relations sexuelles anales non protégées augmentent le risque d’infection au VIH, c’est une généralisation de penser que tous les homosexuels hommes pratiquent cette forme d’expression sexuelle», a dit à PlusNews Dawn Betteridge, la directrice du projet Triangle.

«Si les services de transfusion sanguine ont l’intention de rejeter le sang des hommes homosexuels qui ont des relations sexuelles anales, les mêmes règles devraient être appliquées aux donneurs hétérosexuels qui pratiquent également le sexe anal», a-t-elle poursuivi.

Elle a aussi souligné que le sang venant de donneurs ayant pratiqué la fellation durant la période de temps prise en compte par le questionnaire SANBS ne devrait pas être accepté non plus, et a noté que la politique d’exclusion des donneurs était préjudiciable, dans la mesure où elle encourageait les stéréotypes et la marginalisation de la communauté homosexuelle.

«Actuellement nous n’avons pas de statistiques fiables des taux d’infection au VIH parmi les homosexuels sud-africains parce que les données collectées sur les taux de prévalence sont relevées auprès de femmes enceintes venues en consultation prénatale», a ajouté Mme Betteridge.

Le projet Triangle a souligné que le questionnaire avait été conçu d’après les standards internationaux, notamment ceux définis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Des standards qui, selon Triangle, ne correspondraient pas vraiment à la réalité du sida en Afrique du Sud.

L’Onusida a noté que l’épidémie sud-africaine, l’une des plus répandues au monde, «ne montrait aucun signe de fléchissement». En 2004, selon les Nations unies, 29,5 pour cent des femmes enceintes se rendant en consultation prénatale ont été testées positives.

«Bien que le problème du questionnaire soit un sujet délicat, nous pensons qu’une solution acceptable pourrait être trouvée grâce à la participation des différents acteurs [de la lutte contre le sida]», a commenté Mme Betteridge. Elle a émis l’espoir qu’en «période plus calme», le SANBS accepte de réviser sa politique d’exclusion.

Ianthe Exall, porte-parole du SANBS, a affirmé que son organisme partageait les sentiments de Triangle et a reconnu que l’énoncé du questionnaire ne prenait pas en compte la question des sexes.

Elle a dit à PlusNews qu’avec davantage d’informations sur les différents modes de transmission du virus en Afrique du Sud, son département serait plus à même de rectifier le questionnaire sans trop s’éloigner des standards définis par l’OMS.

«Nous manquons vraiment de statistiques appropriées, mais si ces dernières étaient disponibles, nous pourrions modifier l’énoncé du questionnaire», a-t-elle affirmé. «Cependant, il nous faudra toujours nous conformer aux standards internationaux et à ceux de l’OMS, donc ça peut prendre du temps d’avoir un questionnaire ‘juste comme il faut’».

Mme Exall a révélé que le questionnaire destiné à évaluer le risque d’infection au VIH du donneur potentiel selon les comportements sexuels individuels était en train d’être révisé.

Cependant, le SANBS, en association avec des groupes de défense des droits des homosexuels, a dénoncé le mode de protestation choisi par le groupe non-officiel Gay and Lesbian Alliance (GLA) pour faire face à ce problème.

Selon Glenn de Swardt, le responsable du volet recherche et santé du projet Triangle, le GLA a affirmé avoir recruté plus d’une centaine d’hommes homosexuels pour donner leur sang dans différents centres sans révéler leurs choix sexuels sur le questionnaire.

«Le projet Triangle, ainsi que d’autres organisations sérieuses, nous dissocions des actions du GLA dans la mesure où de telles activités ne font rien pour combattre l’homophobie ou d’autres disparités existantes entre hommes et femmes –en fait, ça ne fait que les alimenter», a-t-il estimé.

M. de Swardt a exprimé ses craintes que la manière «irrationnelle» avec laquelle le GLA a choisi de traiter le problème puisse avoir des répercussions négatives sur les homosexuels dans l’un des pays africains les plus tolérants avec cette communauté.

En décembre 2005, la Cour constitutionnelle sud-africaine a tranché en faveur des mariages entre personnes du même sexe, mettant le pays à égalité avec la Grande-Bretagne, le Canada, les Pays-Bas, la Belgique et l’Espagne, qui ont légiféré pour donner aux couples homosexuels les mêmes droits qu’aux couples hétérosexuels.

«[Selon les textes], la communauté homosexuelle est tolérée par la Constitution, mais l’opinion publique peut être facilement influencée», a prévenu M. de Swardt.

«La violence et les intimidations contre les homosexuels, hommes et femmes, existent toujours, et les choses pourraient empirer suite aux tactiques de terreur irresponsables du GLA», a-t-il déploré.

En attendant, le SANBS a affirmé à PlusNews qu’il n’avait trouvé aucune preuve que ses réserves sanguines aient été mises en péril et a accepté de travailler avec des organisations de défense des droits des homosexuels et de recherche pour trouver un consensus.

[FIN]




 
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