AFRIQUE DU SUD: Les “potes” de l’organisation “Musulmans positifs” offrent leur soutien
DURBAN, 31 mars 2005 (PLUSNEWS) - Lorsque Fatima Sayed, une mère séropositive, se sent déprimée, elle sait qu’elle peut prendre son téléphone et appeler sa ‘copine’ Amina Nordien qui s’est engagée comme volontaire pour une organisation de musulmans vivant avec le VIH dans la ville du Cap.
Le mari de Sayed (un nom d’emprunt) et leur petit garçon sont aussi séropositifs, mais le jeune couple craint d’être rejeté par sa communauté. Les Sayed ont donc décidé de ne pas révéler leur statut à leurs proches.
Au lieu de cela, ils se sont tournés il y a deux ans vers les ‘Musulmans positifs’, une organisation non-gouvernementale (ONG) qui informe et soutient les musulmans vivant avec le VIH.
Depuis, Nordien et Sayed se sont souvent téléphoné, ont partagé régulièrement d’interminables pauses café et de longues marches, donnant à Sayed la possibilité d’exprimer ses inquiétudes dans un environnement où elle se sent en confiance.
“Même si j’ai rarement pu apporter une aide concrète à Fatima, j’ai au moins pu lui offrir une oreille attentive”, a dit Nordien à propos de son expérience de ‘copine’. “Etre capable de me parler lui a libéré l’esprit, elle ne se sent plus seule”, a-t-elle dit à PlusNews.
Les volontaires de ‘Musulmans positifs’ se sont rendus compte que le soutien des ‘potes’ avaient des effets bénéfiques autant sur le plan psychologique que physique pour leurs membres séropositifs, qui se sentaient en meilleure santé.
Forte de ce succès, l’organisation pense aujourd’hui faire de ce système de ‘potes’ l’un de ses programmes officiels. Les programmes classiques de prise en charge des personnes vivant avec le VIH se concentrent souvent sur les traitements et le conseil, sans prendre en compte l’aspect émotionnel.
“Si la personne ne va pas bien moralement, cela aura un impact négatif sur son système de défense immunitaire”, a dit Rehana Kader, directrice de ‘Musulmans positifs’ et psychologue clinicienne.
Sans soutien moral, les personnes vivant avec le VIH sont souvent confrontées à la dépression, au sentiment de solitude ou d’aliénation. “Les personnes séropositives ont besoin d’une présence amicale, avoir un conseiller n’est pas suffisant pour entretenir une bonne santé mentale”, a-t-elle ajouté.
Avant de devenir des ‘potes’, on demande aux volontaires de suivre une semaine de formation intensive qui comporte un volet éducation et conseil, ainsi que des connaissances médicales sur le VIH et les traitements, a expliqué Kader. Le ‘pote’ est alors capable d’offrir un soutien émotionnel et de surveiller l’état de santé de la personne séropositive.
Le système des ‘potes’ est particulièrement important au sein de la communauté musulmane, où en dépit de la multiplication des campagnes de sensibilisation peu de gens osent rendre public leur séropositivité.
“Le VIH/SIDA est toujours largement perçu comme étant une punition de Dieu parce que vous avez pêché ou mené un style de vie immoral”, a commenté Kader.
En conséquence, peu de musulmans ont osé révéler leur statut à leurs familles et la discrimination reste un problème majeur.
L’organisation des ‘musulmans positifs’ a vu le jour quand Faghmieda Miller, la première femme musulmane à rendre public son statut en Afrique du Sud, a été confrontée au rejet, au déni et à une ignorance quasi-totale lorsqu’elle a révélé qu’elle était séropositive.
Miller, Kader et quelques autres activistes musulmans ont alors décidé de créer une ONG pour essayer de faire passer le message selon lequel l’important n’était pas comment on avait contracté le virus, mais comment apporter un soutien à la personne infectée par le virus. “Nous voulions développer une approche fondée sur la compassion”, a dit Kader.
En dehors du programme des ‘potes’, l’organisation gère des projets de recherche, offre du conseil individuel et familial et du soutien de groupe, et présente des programmes de sensibilisation sur des radios communautaires, dans les écoles et dans les entreprises.
Le site internet de Positive Muslims
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