MOZAMBIQUE: Les enfants affectés par le VIH/SIDA ont besoin de davantage de soutien
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Au Mozambique, 91 000 enfants âgés de moins de 15 ans vivent avec le virus.
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MAPUTO, 17 juin 2005 (PLUSNEWS) - Les acteurs de la lutte contre le sida au Mozambique se disent préoccupés par le peu d’actions en faveur des enfants infectés ou affectés par le VIH/SIDA, alors que ces derniers sont de plus en plus nombreux.
Plus d’un million d’enfants mozambicains seraient affectés par le VIH/SIDA, selon les autorités, soit parce qu’ils vivent avec le virus, soit parce qu’ils doivent s’occuper des membres de leurs familles infectés au VIH ou parce qu’ils ont déjà perdu un ou leurs deux parents du sida.
“Les enfants et les jeunes gens doivent être au centre de la réponse nationale au VIH/SIDA au Mozambique”, a déclaré Leila Pakkala, représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) mercredi, à la veille de la Journée de l’enfant africain.
“L’épidémie de VIH/SIDA a un effet terriblement dévastateur sur la vie des enfants et des jeunes Mozambicains, un fait qui est toujours largement sous-estimé”, a-t-elle dit. “Il est impératif d’améliorer rapidement les programmes de prévention, de traitement, de soins et de soutien destinés à ces enfants”.
Ndeshi Friis, consultante pour l’initiative ‘Hope for the African child’ (‘Espoir pour l’enfant africain’), une ONG panafricaine basée au Kenya, a estimé qu’en dépit de l’effort considérable qui a déjà été fourni, “il faut faire plus et donner plus d’écho aux orphelins et aux enfants vulnérables eux-mêmes”.
“Les enfants doivent avoir plus facilement accès à la parole afin de pouvoir nous dire ce dont ils ont besoin, [ce qui permettrait alors] d’orienter les politiques nationales”, a-t-elle dit à PlusNews.
Au-delà du soutien financier, les orphelins et les enfants vulnérables ont besoin d’une assistance technique pour les aider à soutenir leurs familles, a dit Irene Cossa, de l’association Kindlimuka de personnes vivant avec le VIH/SIDA.
“Ce sont des enfants aujourd’hui mais demain ils seront adultes, avec d’ores et déjà de lourdes responsabilités”, a-t-elle souligné.
De nouvelles données fournies par l’Institut national de la statistique (INE) indiquent que l’épidémie s’aggrave au Mozambique, avec un taux de prévalence du VIH parmi les 15-49 ans qui s’établirait désormais à 15,6 pour cent, contre 14,9 l’année dernière et 8,2 pour cent il y a sept ans.
Le programme conjoint des Nations Unies sur le sida, l’Onusida, estimait ce taux à 12,2 pour cent fin 2003.
Le sida apparaît de plus en plus comme l’une des principales causes de maladie et de décès des enfants au Mozambique. En 2004, sur les 97 000 personnes qui sont mortes d’infections liées au VIH/SIDA, 17 500 étaient des enfants âgés de moins de cinq ans. Aujourd’hui, 91 000 enfants âgés de moins de 15 ans vivent avec le virus.
Le Mozambique compte un peu plus de 19 millions d’habitants, selon les estimations des Nations Unies.
Près de 500 personnes sont infectées par le virus chaque jour, 90 d’entre elles étant des bébés nés de mères séropositives. La moitié de ces bébés meurt avant un an, et l’autre moitié ne survivra pas au-delà du deuxième anniversaire, selon l’INE.
Les jeunes filles adolescentes sont particulièrement vulnérables à l’infection au VIH. Sur les 130 000 jeunes âgés de 15 à 19 ans qui vivent avec le virus, 100 000 seraient des filles.
En plus du nombre élevé d’enfants vivant avec le VIH/SIDA, de plus en plus d’enfants ont des parents séropositifs. Selon l’INE, plus de 325 000 enfants et jeunes âgés de moins de 18 ans auront perdu leur père, leur mère ou leurs deux parents du sida avant la fin 2005.
Quelque 180 000 adultes infectés seraient des personnes vivant avec des enfants. Au-delà du traumatisme que constitue la mort d’un proche d’une infection liée au sida, beaucoup de ces enfants devront s’occuper de ces malades, avec une charge de travaux ménagers et d’attention supplémentaires, souvent au détriment de leur éducation.
L’agence canadienne internationale de développement a annoncé mercredi qu’elle apporterait un financement de près d’un million de dollars au programme de l’Unicef au Mozambique. L’objectif de ce programme est de s’assurer que tous les enfants sont à l’école, ont accès aux services de santé, à l’eau potable et à l’hygiène.
Sara Zandamela, du collectif international d’ONG ‘HelpAge International’ (HAI) a aussi estimé que pour apporter une aide plus efficace aux orphelins et aux enfants vulnérables, il faudrait accorder plus d’attention aux personnes âgées, souvent les grands-parents, qui les prennent en charge.
“La plupart de ces personnes âgées sont des agriculteurs qui ne possèdent que des cultures de subsistance, ils n’ont pas de ressources et dépendent de la météo”, a expliqué Zandamela. “Leur premier souci est de se nourrir et de survivre”.
Plus que de sensibiliser les communautés sur la nécessité pour les enfants orphelins d’aller à l’école, HAI a estimé qu’il faudrait “soutenir les personnes âgées en charge de ces enfants grâce à des activités génératrices de revenus [...] pour qu’ils puissent laisser leurs petits-enfants aller à l’école”.
HAI a assisté quelque 200 000 personnes âgées dans cette situation dans les provinces de Tete, au nord du pays, et de Gaza, au sud.
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