SÉNÉGAL: Les pétroliers préviennent l’infection au VIH dans leurs entreprises
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ExxonMobil promeut plusieurs programmes de lutte contre le sida au Nigeria, au Tchad, en Angola et au Kenya.
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DAKAR, 4 avril 2005 (PLUSNEWS) - Le patronat sénégalais s’est dit satisfait du lancement samedi de la première campagne de prévention de la filiale de la compagnie pétrolière américaine Exxon Mobil, qui s’est engagée à mettre des préservatifs à la disposition de sa centaine d’employés au Sénégal.
«Cette campagne de prévention entre dans le prolongement des activités menées par le CNP (Conseil national du patronat). C'est Mobil Oil Sénégal qui s'est emparé de cette question, ce qui prouve leur engagement», a dit à PlusNews le docteur Aissatou Conté, chargée de la prévention au CNP.
«Mobil Oil est un membre signataire de la charte des entreprises contre le sida, ils ont compris le message qui leur a été adressé par le CNP», a-t-elle ajouté.
Le Conseil national du patronat (CNP) au Sénégal s’était plaint en mars du peu d’engagement des entreprises du secteur formel dans la lutte contre le sida, soulignant que la quasi-totalité d’entre elles n’avait pas de programme de sensibilisation malgré les recommandations d’une charte contre la pandémie adoptée en décembre 2003 et élaborée en collaboration avec le Bureau international du travail (BIT).
Selon Baidy Agne, le président du CNP, 60 entreprises ont signé la charte, sur un objectif de 320 au terme du programme en 2009.
Une entreprise signataire de la charte s’engage à lutter contre la stigmatisation et la marginalisation de ses employés vivant avec le VIH via des campagnes de prévention et la mise en place de mécanismes de prise en charge des patients, en toute confidentialité.
C’est le cas de Mobil Oil Sénégal, dont la campagne «Ensemble, arrêtons le sida», menée dans l’ensemble de ses filiales dans le monde, tentera de sensibiliser la centaine d’employés sur les modes de contamination.
Pendant huit mois les salariés sénégalais auront la possibilité de s’approvisionner en préservatifs, féminin et masculin, dans les toilettes de l’établissement.
«Nous allons mettre les préservatifs à la disposition de tout le personnel», a dit Oumy Diop, coordonatrice du programme de prévention de Mobil Oil Sénégal, ajoutant que la campagne se focalisera sur les risques de contamination et la nécessité d’utiliser les préservatifs, fournis par l’organisation Population Services International, basée aux Etats-Unis.
Pour Diop, les tabous autour de la pandémie au Sénégal imposent à l’entreprise de mettre les préservatifs dans les toilettes contrairement à ce qui est fait par d’autres filiales africaines au Togo, en Côte d’Ivoire ou en Sierra Leone, où ils sont glissés dans les enveloppes de bulletins de paie.
Exxon soutient également une variété de programmes de lutte contre le sida au Nigeria, au Tchad, en Angola et au Kenya. En mars, un programme associant prévention et prise en charge a été lancé au Ghana à destination des salariés et de leur famille.
«Dans notre lutte contre le sida, nous tenons compte de la sensibilité personnelle et culturelle de nos employés. Raison pour laquelle au Sénégal, les préservatifs sont mis dans les toilettes», a dit à PlusNews le directeur général de la filiale sénégalaise, Ernest Gotosa.
Le faible taux d’infection au VIH qui prévaut au Sénégal, environ 1,5 pour cent de la population, légitime le comportement frileux des entreprises face à de tels programmes qui pourraient heurter la sensibilité des employés et aviver les comportements discriminants sur le lieu de travail.
Ce que refuse ExxonMobil, qui dit lutter contre la stigmatisation des employés séropositifs dans ses établissements.
«La discrimination ou la stigmatisation des employés est inacceptable et ne sera pas tolérée dans l’entreprise», affirme la compagnie pétrolière. «La politique sanitaire d’Exxon impose toute confidentialité sur les cas médicaux individuels et les employés seront traités de la même manière que les autres personnes malades.»
Selon les règles que s’est imposé le pétrolier, aucun employé n’est testé au VIH avant d’être recruté et il n’est pas tenu de transmettre ce type d’information à son employeur.
«Le statut HIV n’est pas une condition qui détermine la capacité de l’employé à travailler et les mêmes droits et demandes valent pour tous ses salariés», précise la compagnie.
Au Sénégal, aucun employé ne s’est déclaré séropositif et aucun cas de contamination n’a été décelé, a dit Diop qui compte promouvoir le dépistage volontaire et anonyme à l’image de ce que fait son concurrent Shell, une autre compagnie pétrolière basée à Dakar.
Selon Ismaela Mbaye, médecin de la compagnie Shell au Sénégal, une trousse de voyage avec des préservatifs et des seringues à jeter est fournie avant tout déplacement et chacun peut se faire dépister dans l’entreprise, de manière anonyme.
Aucune discrimination n’est tolérée dans le groupe et la prise en charge des personnes infectées se fait en toute confidentialité, une condition indispensable selon Mbaye qui affirme que 80 pour cent du personnel du groupe Shell Sénégal accepte le dépistage volontaire.
Pour Shell, comme pour ExxonMobil, le salarié et sa famille seront pris en charge en cas de contamination par le VIH, «comme pour n’importe quelle autre maladie» ont précisé les deux géants pétroliers.
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