L’épidémie de VIH/SIDA gagne l’intérieur du pays

CÔTE D IVOIRE: L’épidémie de VIH/SIDA gagne l’intérieur du pays


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La prostitution occasionnelle des jeunes filles sur la ligne de front alimente l’épidémie dans les villes de l’intérieur du pays

ABIDJAN, 22 mars 2005 (PLUSNEWS) - Les acteurs de la lutte contre le VIH/SIDA en Côte d’Ivoire s’inquiètent de la propagation alarmante de l’épidémie, notamment dans les villes de l’intérieur tenues à l’écart des campagnes nationales de sensibilisation et de prise en charge.

“Les nouvelles tendances sont inquiétantes : aucune localité de Côte d’Ivoire n’échappe à l’épidémie”, a dit à PlusNews Marcellin Ayé du projet RetroCI, un programme financé par le Centre pour le contrôle et la prévention des infections (CDC, Centers for Disease Control and Prevention) du ministère américain de la Santé.

Lancé en 1988 à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, Retrovirus Côte d’Ivoire s’est d’abord consacré à la recherche avant de financer, à partir de 2000, des programmes de prévention et de prise en charge des personnes vivant avec le virus, en collaboration avec les autorités et les organisations non-gouvernementales présentes sur le terrain.

«Auparavant, le taux d’infection était plus élevé dans les grands centres urbains qu’en zone rurale. Dans certaines petites villes, c’est désormais l’inverse”, a dit Ayé.

Avant septembre 2002, quand une rébellion armée a fait irruption dans le nord du pays, coupé en deux depuis, les taux d’infection étaient de 5,6 pour cent en zone rurale et de 9,5 pour cent en zone urbaine, selon Ayé.

Mais à l’intérieur du pays les villes affichent maintenant des taux de prévalence d’au moins 11 pour cent, bien au-dessus de la moyenne nationale estimée à sept pour cent, a ajouté Ayé.

Cet employé de Retroci a précisé que Daloa, dans le centre-ouest, et Bondoukou, dans le nord-est, affichaient des taux d’infection entre 11 et 11,6 pour cent.

La capitale Yamoussoukro, dans le centre du pays, et Abengourou, dans l’est, qui abritent de nombreuses personnes déplacées par la guerre, connaîtraient également des taux d’infection supérieurs à sept pour cent. La situation serait analogue dans les villes de Man, dans l’ouest, et de Korhogo, dans le nord sous contrôle de la rébellion.

“La pauvreté engendrée par la guerre est la cause principale de la propagation de l’épidémie”, a dit Ayé. “Les jeunes filles de 15 à 20 ans se livrent à la prostitution clandestine qui rend difficile la lutte contre le sida.”

Pour tenir compte de ces nouvelles données, une enquête vient d’être lancée sur l’ensemble du territoire qui permettra de déterminer les conséquences du conflit sur la population d’un pays où l’on compte un million de déplacés, une augmentation des comportements sexuels à risque et une aggravation des problèmes économiques.

Un recensement a déjà été effectué au sud, en territoire contrôlé par le gouvernement. Une enquête a démarré dans le nord, tenu par les forces rebelles, grâce à la collaboration des casques bleus de l’Onu, selon le programme conjoint des Nations Unies contre le VIH/SIDA, Onusida.

Selon Ayé, la Côte d’Ivoire subit les conséquences de la guerre civile qui déchire le pays depuis 30 mois, empêchant l’ouverture de nouveaux centres de santé, la décentralisation des traitements et la formation du personnel.

“Les progrès sur le front de la lutte sont entravés par les effets du conflit”, a-t-il dit. “Or on a enregistré des baisses des taux d’infection dans les localités où les programmes de sensibilisation ont pu continuer ou être accélérés, comme par exemple à Abidjan.”

“Mais avec l’attrait des jeunes filles pour les soldats de la ligne de front (proche de Bondoukou et de Daloa), la lutte contre le VIH/sida est vraiment difficile”, a dit Bakary Biaye, le secrétaire exécutif de l’Organisation africaine d’aide à la santé en Afrique (OHASA).

"Aucun mot, aucun chiffre ne peut restituer l’ampleur des risques d’émergence de la maladie en Cote d’Ivoire”, a ajouté Biaye.

Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, moins de 5 000 personnes recevaient en septembre un traitement antirétroviral (ARV), qui améliore les conditions de vie des personnes infectées par le VIH. L’initiative conjointe « Trois fois cinq» de l’Onusida et de l’Organisation mondiale de la santé s’était donnée comme objectif de mettre 63 000 personnes sous ARV d’ici 2005.

Or, tandis que dans l’ouest la majorité des infrastuctures sanitaires a été détruite, tant du côté gouvernemental que rebelle, au nord les médecins et les infirmières ont fui les territoires tenus par la rébellion.

Un seul centre de dépistage est fonctionnel dans cette partie du pays sur les 18 centres que compte ce pays de 17 millions d’habitants.

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