Le gouvernement suspend les essais cliniques d’un médicament antirétroviral

CAMEROUN: Le gouvernement suspend les essais cliniques d’un médicament antirétroviral

YAOUNDÉ, 4 février 2005 (PLUSNEWS) - Les essais cliniques d’un médicament antirétroviral testé sur des travailleuses du sexe par le laboratoire américain Gilead ont été suspendus, a déclaré vendredi le gouvernement camerounais après la controverse autour de la charte éthique de ces essais.

Le Réseau camerounais Ethique, droit et sida et l’organisation française Act-Up avaient dénoncé le peu d’information donnée aux 400 volontaires sur les risques encourus, ainsi que l’absence d’une prise en charge thérapeutique gratuite en cas d’infection par le VIH au cours de l’essai.

Le médicament incriminé est le Tenofovir, un ARV fabriqué et commercialisé depuis trois ans par le laboratoire américain Gilead sous le nom de Viread. Ce médicament est actuellement testé sur ses éventuelles propriétés prophylactiques pour prévenir l’infection au VIH.

Au Cameroun, cet essai est mené depuis septembre 2004 sur 400 travailleuses réparties en deux groupes, l’un recevant chaque jour un compris de Tenofovir, l’autre un comprimé ne contenant pas de principe actif. A la fin des essais, toutes les femmes sont soumises à nouveau à un test de dépistage du VIH.

"En raison des dysfonctionnements notés par la mission d’audit, les essais cliniques du Tenofovir effectués à Douala sont suspendus à compter de cette date", indique le communiqué du ministre de la Santé publique, Urbain Olanguena Awono, diffusé sur la radio nationale.

"Les mesures correctives à apporter sont contenues dans un document annexé à cette décision", poursuit le communiqué.

Le communiqué ne donne aucune précision sur les dysfonctionnements constatés ni sur les mesures correctives que le gouvernement a exigé de l’organisation américaine Family Health International (FHI) qui conduit les essais cliniques pour le compte du laboratoire Gilead.

Selon le professeur Anderson Doh Sama, le coordonnateur des essais cliniques dans la ville portuaire de Douala, les essais ont été suspendus en raison de problèmes administratifs.

"Les essais cliniques reprendront dès que possible car nous sommes en discussion permanente avec le représentant des autorités sanitaires qui savent et surveillent tout ce que nous faisons", a-t-il expliqué à IRIN.

Les activistes de la lutte contre le sida ont tenu cependant à demander plus d’explications au ministre de la Santé publique.

"Nous voulons plus de transparence de la part du gouvernement sur cette affaire, car nous savons que les femmes qui ont accepté de participer à ces essais cliniques deviendront certainement séropositives, et qu’il n’y a aucune promesse de prise en charge thérapeutique à la fin des essais", a indiqué Arthur Noumbi d’Elite politechnicienne, l'une des organisations non-gouvernementales (ONG) qui mènent campagne contre ces essais.

“Bien que les chercheurs prétendent fournir des préservatifs aux travailleuses du sexe, cet argument est sans fondement car nous savons que pour que les essais soient réellement efficaces, ces femmes doivent avoir des relations sexuelles non protégées avec leur clients", a expliqué Noumbi.

Pour les chercheurs, le Cameroun est un bon laboratoire d’essai des médicaments antirétroviraux puisqu’on y trouve toutes les variantes du virus VIH.

Mais selon Noumbi et les autres activistes de la lutte contre le sida, les femmes participant aux essais cliniques auraient été traitées différemment si ces essais étaient menés aux Etats-Unis.

Les essais cliniques similaires menés sur des travailleuses du sexe au Ghana et au Nigeria et sur des homosexuels aux Etats-Unis sont financés à hauteur de 6,5 millions de dollars par la Fondation Bill et Melinda Gates. Au Cambodge, où le Tenofovir devait également être testé, la controverse autour de la charte éthique a poussé les autorités à annuler l’essai.

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