Le Fonds mondial ne finance plus la lutte contre le sida et le paludisme

GUINÉE: Le Fonds mondial ne finance plus la lutte contre le sida et le paludisme


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La Guinée doit rendre des comptes au Fonds mondial

DAKAR, 13 janvier 2005 (PLUSNEWS) - Le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme ne financera pas la lutte contre ces épidémies en Guinée tant que le ministère de la Santé n’aura pas justifié l’utilisation des 1,3 millions de dollars déjà accordés depuis décembre 2003.

Selon Mabingue Ngom, en charge de l'Afrique de l'ouest et du centre au Fonds mondial à Genève, chaque demande de décaissement doit être accompagnée d'un état sur la situation financière justifiant les fonds déjà reçus et d'un résumé des réalisations faites avec les fonds libérés.

En l’absence de tels rapports, prouvant que les résultats promis ont été atteints, le Fonds mondial ne peut pas, à juste titre, procéder à de nouveaux décaissements, a dit Ngom.

Le Fonds et la Guinée ont signé en août 2003 un programme de deux ans destiné à lutter contre le VIH/SIDA et le paludisme et doté d’une enveloppe de 11,7 millions de dollars. Sur les 4,8 millions affectés au VIH/SIDA, seulement 1,4 millions ont été mis à la disposition des autorités guinéennes.

«On peut faire des exceptions en cas d’urgence justifiée, comme des ruptures d’approvisionnement en médicaments», a dit Ngom. “Mais ça ne doit pas être la règle. Il en va de la crédibilité du Fonds et du respect dû à ses bailleurs.”

En Guinée, le Fonds finance la mise en place de centres de dépistage et de transfusion sanguine, l’extension du nombre de personnes sous traitement antirétroviral et la formation du personnel médical et des communautés de base à la sensibilisation et la prise en charge des personnes vivant avec le virus.

Depuis août 2003, trois tranches de 401 406 dollars, 570 519 dollars et 415 155 dollars ont été décaissées par le Fonds, respectivement en décembre 2003, avril et septembre 2004.

Selon Ngom, le Fonds attend désormais que les rapports en souffrance lui parviennent avant de décaisser de nouvelles tranches.

Aucune explication n’a été fournie, le ministère de la Santé à Conakry ne pouvant être joint par PlusNews depuis Dakar jeudi.

Selon la première enquête nationale de séroprévalence conduite en 2002 par les autorités guinéennes à partir d’un échantillon de 8 900 personnes, 2,8 pour cent de la population sont infectés par le VIH.

Le taux d’infection au VIH grimpe à sept pour cent dans les grandes villes de Guinée forestière, une région enclavée entre la Côte d’Ivoire, le Liberia et la Sierra Leone où le virus se propage sans contrôle.

Mais selon des sources hospitalières, il pourrait en réalité être deux fois plus élevé, compte tenu de l’absence de structures de dépistage et de prise en charge ainsi que de la faiblesse des campagnes de prévention auprès d’une population jeune et mobile.

La Guinée ne dispose que de trois centres de dépistage et de deux projets pilotes de distribution de médicaments antirétroviraux, pour près de cinq cents personnes qui vivraient avec le virus, selon des sources humanitaires.

“On fait quelques progrès mais ce sont des conditions extrêmement difficiles”, a dit Ngom.

La plupart des partenaires bilatéraux et multilatéraux de la Guinée, dont l’Union européenne, le Fonds monétaire et la Banque mondiale, ont suspendu leur aide budgétaire en raison du manque de transparence dans la gestion des finances publiques et des problèmes de gouvernance chroniques que connaît le pays depuis la fin des années 1990.

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