SOMALIE: Les femmes s’informent pour lutter contre le VIH
NAIROBI, 5 février 2007 (PLUSNEWS) - Les femmes somaliennes ont décidé de s’impliquer dans la lutte contre le sida en participant à un programme de formation de leurs pairs, dans un pays conservateur où l’insécurité est persistante.
Un large programme de consultations mené par le Fonds des Nations unies pour l’enfance, Unicef, a abouti à la rédaction d’un manuel de formation pour les femmes en langues locales somaliennes, qui vise à former les femmes ayant l’habitude de travailler avec d’autres femmes dans leurs quartiers ou villages.
«Le niveau d’éducation sur le VIH/SIDA parmi les femmes somaliennes est faible, il était donc important de trouver un moyen de faire passer l’information de manière à ce qu’elles la comprenne et qu’elle leur soit adaptée», a dit Aisha Maulana, conseillère technique VIH/SIDA pour l’Unicef en Somalie.
Le processus de consultations a commencé en septembre 2005 et le programme a été réellement lancé en septembre 2006 dans la république autoproclamée du Somaliland, dans le nord-ouest de la Somalie. L’élargissement du programme à la région du centre sud, prévu à partir de décembre 2006, a été reporté pour cause d’insécurité persistante dans la région.
Les pairs éducatrices ont commencé par identifier des facteurs mettant les femmes en danger face à l’infection au VIH, parmi lesquels les mutilations génitales, le manque d’éducation et la pauvreté.
Le manuel de formation traite de sujets tels que les infections sexuellement transmissibles et l’utilisation des préservatifs : ces derniers sont de plus en plus accessibles en Somalie, mais très peu d’informations sont disponibles pour aider les utilisateurs à savoir s’en servir.
«Le niveau de communication est vraiment innovant... Cela coûte moins cher à fournir et ne demande aux femmes que deux heures par semaine, donc elles ne s’absentent pas longtemps de leur foyer», a dit Mme Maulana. «C’est facile à organiser, et nous n’avons besoin que de deux femmes pour transmettre l’information au public.»
Les femmes sont formées pour travailler à deux, chacune d’entre elles prenant en charge 20 personnes pendant 20 sessions.
«Cela leur permet de se sentir libre de parler, tout en respectant les valeurs traditionnelles et les normes [sociales] ; les femmes sont disponibles pour parler de sexualité, de droits sexuels, elles ne sont pas confinées par le fait qu’un homme soit là», a ajouté Mme Maulana.
Utiliser les femmes pour toucher plus largement d’autres femmes était délicat en Somalie, où l’insécurité limite souvent la liberté de mouvement.
«Le programme marche bien, bien que dans la région du centre sud, la mobilité soit réduite, de même que la capacité à réunir de larges groupes de personnes», a dit Mme Maulana.
Jusqu’ici, l’Unicef a formé 90 femmes, 30 dans chacune des trois régions du pays : le Somaliland, le Puntland au nord-est, et le centre sud de la Somalie.
Des sessions sont aussi organisées dans les camps de personnes déplacées, qui abriteraient quelque 400 000 personnes, selon les estimations des Nations unies.
Le programme commun des Nations unies sur le sida, Onusida, a évalué le taux de prévalence du VIH en Somalie à 0,9 pour cent de la population, un taux relativement bas au regard des pays de la région, mais a prévenu qu’à partir du moment où il dépassait un pour cent, il pouvait doubler ou tripler en l’espace de deux ou trois ans.
sm/kr/he/ail
[FIN]
|
|