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Samedi 2 décembre 2006
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ETHIOPIE: Les associations funéraires au service des vivants et des morts


[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]



©  Euan Denholm/IRIN

Les membres de la communauté apportent leur contribution à leur edir.

ADDIS ABEBA, 23 novembre (PLUSNEWS) - À la surprise générale, les edirs, les associations funéraires locales, ont décidé de venir en aide aux familles éthiopiennes affectées par la pandémie de VIH/SIDA.

Un edir est une société funéraire traditionnelle qui reçoit chaque mois des contributions de la part de ses membres. En échange, il les aide à couvrir les dépenses occasionnées lors de l’enterrement.

A l’heure actuelle, rares sont les Ethiopiens qui n’appartiennent pas à au moins un edir. Presque tous sont membres d’une association locale, ou d’une société qui est basée sur leur lieu de travail ou qui propose des services en fonction de l’âge et du sexe des membres.

«Autrefois, je détestais les edir. Ils avaient les moyens d’aider les pauvres avec l’argent qu’ils possédaient, mais ils ne faisaient rien», a déclaré Senait Tefra, une jeune Ethiopienne de 16 ans, assise au chevet de sa mère séropositive.

«Ils ont stigmatisé des gens comme ma mère, il attendaient de les voir mourir pour proposer leur aide, mais maintenant les choses ont changé, je suis contente», a-t-elle ajouté.

Aster Astatka, la mère de Senait Tefra, a dit qu’elle serait déjà morte sans l’aide de son edir.

«Je ne pouvais même plus me rendre jusqu’à l’hôpital toute seule», a confié cette dame de 48 ans qui paraît beaucoup plus âgée. L’edir lui a donné de l’argent, prodigué des soins à domicile, proposé un traitement médical, dont des médicaments antirétroviraux (ARV), qui lui a donné un second souffle.

Jusqu’à récemment, les associations funéraires s’intéressaient uniquement aux funérailles de leurs membres, et c’est encore le cas dans une grande partie de l’Ethiopie. Cependant, plusieurs edir, choqués par le nombre de leurs membres emportés par le sida, se sont interrogés sur les actions qu’ils pouvaient mener contre ce problème.

A en croire les responsables politiques, la participation des edir, membres de la société civile, est un élément indispensable à la lutte contre le sida en Ethiopie, un pays où quelque 1,2 million de personnes sont porteuses du virus et près de 130 000 autres sont mortes de maladies liées au sida.

«Dans la société éthiopienne, la prise de décision revient au gouvernement», a expliqué Alula Pankhurst, professeur à l’Université d’Addis Abeba et anthropologue social qui a fait des recherches sur le rôle et l’histoire des edir.

«En conséquence, si l’on veut qu’un fléau tel que le VIH/SIDA soit combattu au niveau de la communauté, il faut impliquer les edir. C’est la seule solution», a-t-il poursuivi.

Les bailleurs de fonds et les ONG partagent le point de vue du professeur Alula Pankhurst, notamment parce que le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), la Banque mondiale et Care International font tous appel à la société civile pour leurs actions de lutte contre le VIH/SIDA.

«Les edir sont présents dans tous les villages du pays, même là où il n’y aucune institution. S’ils font appel à la population, elle réagira», a souligné Gulelat Amdie du Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA (Onusida).

L’association funéraire ‘Lukanda Tra’, basée à la périphérie de la capitale éthiopienne Addis Abeba, mène une lutte sociale en faveur de réformes depuis 1916.

«Autour de nous, les gens mouraient, les edir devaient reverser de l’argent et nous devions tous demander des jours de congés pour pouvoir assister aux enterrements de nos proches», a déclaré l’edir Kasahun Feleke, en regardant les files d’hommes et de femmes qui attendaient pour acquitter leurs cotisations.

«Le sida tuait les jeunes et les moins jeunes, nous devions agir», a-t-il dit.

Désormais, les membres de l’edir ont le droit de percevoir, avant leur mort, un quart des 2 000 birr (soit 238 dollars américains) prévus pour leurs funérailles.

Ils doivent aussi verser une petite somme supplémentaire de 26 edir, qui sert au financement de l’aide proposée par Tesfa, une organisation qui fournit une assistance, notamment en matière de VIH/SIDA.

Tesfa, qui signifie ‘espoir’ en amharique, la langue locale, organise des séances de sensibilisation tous les mois, coordonne les soins à domicile prodigués par des bénévoles et propose des activités génératrices de revenus aux patients séropositifs.

Kasahun Feleke, l’une des personnes à la tête de l’organisation, a expliqué qu’ils voulaient que les edir «soient au service des vivants et des morts».

Tesfa reçoit également des financements de la part d’agences humanitaires comme Care International et Help Age International, et peut ainsi proposer de l’aide à 240 personnes séropositives. Soixante-cinq bénévoles se consacrent trois jours par semaine aux malades et leur prodiguent des soins à domicile.

«Les bénévoles accomplissent un immense travail : ils donnent des conseils, lavent les patients, achètent de la nourriture, prodiguent les premiers secours, etc.», a rappelé Arega Gebrehilwot, directeur du programme.

«Si les patients ont besoin d’être hospitalisés, nous faisons en sorte qu’ils reçoivent un traitement adapté à l’hôpital. Nous aidons leur famille, nous les formons pour qu’ils puissent aider leur entourage», a expliqué Arega Gebrehilwot.

Cette démarche novatrice, qui encourage la participation de la communauté locale, a permis de réduire la stigmatisation qui entoure le VIH/SIDA en Ethiopie.

Aster Astatka s’est rappelé qu’il y a sept ans lorsqu’elle est tombée malade, «la plupart des membres de la communauté disait ‘Regardez-la’, mais maintenant [ses] amis viennent [lui] rendre visite et partagent [ses] repas.»

Tesfa encourage les personnes séropositives qui peuvent travailler à le faire. Par exemple, l’organisation a proposé des financements à 150 personnes, qui ont ainsi pu se lancer dans les affaires, gagner de l’argent et travailler tout en ayant des horaires aménageables.

«Ils vendent de l’injera [le pain traditionnel éthiopien à base de céréales], de la bière locale ou travaillent le métal – rien de très audacieux», a fait savoir Arega Gebrehilwot de Tesfa. «Les personnes qui avaient emprunté 300 birr [soit 38 dollars américains], empruntent désormais davantage», s’est-il réjoui.

Les edir unis et réformés sont de plus en plus nombreux dans les villes mais n’existent pratiquement pas dans les régions rurales, des zones où ils auraient un grand rôle à jouer car l’information et les services de santé y sont beaucoup moins accessibles.

Aster Astatka souhaite que son edir poursuive les réformes.

«Un jour, j’espère que les edir proposeront des assurances maladies. Ce sera trop tard pour moi, mais pas pour mes enfants», a-t-elle expliqué.

Le professeur Alula Pankhurst a indiqué que les edir pourraient poursuivre leurs réformes en grande partie si les bailleurs de fonds, les ONG et le gouvernement leur permettaient de se réunir et leur versaient des fonds destinés à la lutte contre le sida.

«Les edir peuvent et doivent se réorganiser», a-t-il dit. «L’edir est vraiment la seule organisation à connaître la communauté et à pouvoir l’aider avec tact.»

cd/ab

[FIN]




 
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