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Ouverture d’un centre de traitement dédié au VIH
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MAURITANIE: Ouverture d’un centre de traitement dédié au VIH


[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]



©  IRIN

Le professeur Marc Gentilini, le président la Croix Rouge française, était présent à la cérémonie d’inauguration du CTA

NOUAKCHOTT, 2 décembre (PLUSNEWS) - Le premier centre intégré de prise en charge et d’accueil des personnes vivant avec le VIH a été inauguré mercredi dans la capitale mauritanienne, permettant un diagnostic précoce et une meilleure évaluation de la population infectée dans un pays jusqu’à présent peu touché par la pandémie.

Sous la responsabilité de la Croix Rouge française, qui gère un réseau de dix centres de traitement ambulatoire (CTA) en Afrique sub-saharienne, l’établissement effectuera les dépistages du VIH et suivra les personnes vivant avec le virus, leur offrant une prise en charge médicale, psychosociale et nutritionnelle gratuite dans un lieu unique.

«Avec l’accueil offert par le CTA et la mise à disposition de tous les médicaments nécessaires, les médecins vont tout faire pour poser le diagnostic de manière plus précoce,» a dit à PLUSNEWS le médecin-chef du CTA, le docteur Abderrahmane ould Mohamedoune.

«Il y a quelques mois, certains médecins hésitaient parfois à faire dépister les malades car aucun traitement n’était disponible,» dit-il.

Le taux de prévalence dans ce pays désertique d’Afrique de l’Ouest est un des plus bas du monde avec 0,57 pour cent de personnes infectées, sur une population estimée à quelque 2,8 millions d'habitants. Mais il pourrait rapidement croître, compte tenu des nouvelles perspectives de croissance ouvertes par l’exploitation pétrolière.

«Il faut prendre le problème à la base et s’engager lorsqu’on pressent qu’une épidémie va se développer,» a dit à PLUSNEWS le professeur Marc Gentilini, le président la Croix Rouge française présent à la cérémonie d’inauguration du CTA.

«C’est maintenant le meilleur moment pour attaquer le virus et c’est une très bonne chose que la Mauritanie, qui est encore moins atteinte que le Sénégal, s’engage maintenant résolument dans cette lutte contre l’épidémie,» a t-il expliqué.

Le Sénégal, dont la frontière nord longe la Mauritanie sur des centaines de kilomètres, a développé depuis plusieurs années un programme de prévention et de prise en charge gratuite qui a considérablement limité la propagation de la pandémie dans ce pays. Environ un pour cent de la population sénégalaise était infectée par le virus en 2003.

Ainsi, selon Houssein ould Sid’Ahmed, responsable de l’ONG Espoir et Vie, nombreux sont les Mauritaniens qui vont se faire dépister et soigner au Sénégal, un autre pays musulman. Ils fuient, du même coup, la discrimination qui frappe les personnes vivant avec le virus, a t-il dit.

Pour lui, l’implantation d’un CTA à Nouakchott est tout simplement «un rêve». «Je n’y crois pas, il faut que je me pince,» s’est-il exclamé, très ému.

Chaque personne qui vient au CTA, de son plein gré ou non, bénéficie de conseils pré et post-test. Si ce dernier est positif, on lui propose une prise en charge et le suivi est contrôlé par des examens effectués sur place. Un soutien psychologique et nutritionnel est assuré par l’équipe médicale.

«Le CTA permet de distribuer les médicaments dans de bonnes conditions, d’éviter les erreurs de prescription et que n’émergent des souches résistantes parce que les médicaments sont donnés un peu n’importe comment,» a expliqué le professeur Gentilini.

A quelques mètres du bâtiment principal du CTA de Nouakchott, deux locaux ont été construits uniquement pour les associations, dont celle d’ould Sid’Ahmed. «Ce lieu est vraiment banalisé, dans l’enceinte du centre hospitalier, tout a été fait pour que les patients se sentent à l’aise,» a t-il dit.

Selon le personnel médical rencontré par PLUSNEWS, l’ouverture du centre permettra aux autorités mauritaniennes de mieux appréhender le nombre de personnes vivant avec le VIH/SIDA -- certains malades ont pu ne pas se manifester jusqu'à présent, par honte, par manque de moyens ou en raison de l'éloignement du centre.

Malgré un don de 21 millions de dollars de la Banque mondiale, accordé à la Mauritanie en juillet 2003, le pays ne dispose que de deux centres de dépistage, l’un à Nouakchott et l’autre à Kiffa , l’une des grandes villes du sud du pays.

Ces financements internationaux serviront à soutenir le CTA, en coopération avec la France et le ministère mauritanien de la Santé et des Affaires sociales.

«Même s’il n’y a pas encore beaucoup de malades sous traitement en Mauritanie, accroître l’offre de médicaments est une démarche indispensable,» a expliqué Gentilini.

Seule une cinquantaine de patients bénéficie d’un traitement anti-rétroviral gratuit dans le pays, grâce à une première livraison de médicaments parvenue aux autorités mauritaniennes en juin 2003. Depuis, selon le personnel médical du CTA, 39 personnes vivent et se soignent à Nouakchott.

Le docteur ould Mohamedoune a également précisé à IRIN qu’environ 300 personnes vivent avec le VIH et le sida en Mauritanie, dont 138 dans la capitale mauritanienne.

Mercredi, les deux ONG locales qui géraient jusqu’à présent la distribution des anti-rétroviraux ont solennellement remis les dossiers de ces 138 personnes au CTA, désormais en charge de la prescription et de la délivrance des médicaments à Nouakchott.

Depuis juin et la signature d’un contrat avec le Comité national de lutte contre le sida (CNLS), les ONG Stop Sida et Espoir et Vie se sont occupées, tant bien que mal, de la distribution des ARV et du suivi des malades.

Chaque mois, ces ONG invitaient un médecin sénégalais qui, durant deux jours, assurait les consultations et prescrivait les médicaments.

«Recevoir plus d’une centaine de malades en deux jours dans le local d’une ONG avec parfois des heures d’attente était devenu très stigmatisant pour les malades,» a expliqué le docteur ould Mohamedoune. «Désormais, la vie des patients va changer,» a t-il estimé.

Trois médecins mauritaniens ont été formés par la Croix Rouge française, ainsi qu’un pharmacien, un biologiste et un infirmier. Au total, le centre emploiera une quinzaine d’employés mauritaniens et pourra accueillir sept personnes en hospitalisation de jour.

Pour le professeur Gentilini, soigner les personnes qui vivent avec le VIH n’est pas une question de financements, mais de manque de structures d’accueil et de distribution des traitements.

«Il y a suffisamment d’argent,» a t-il dit. «Ce qui est insuffisant en Afrique, ce sont les conditions de prise en charge des malades, de leur suivi, de l’évaluation des résultats : il n’y a pas assez de structures capables de les suivre de façon rigoureuse.»



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