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AFRIQUE: Les chercheurs demandent l’oreille attentive des politiques contre le VIH


[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]



©  IRIN

Les chercheurs se plaignent de ne pas être écoutés par leurs gouvernements

DAKAR, 17 octobre (PLUSNEWS) - Il est impératif que les travaux de recherche en sciences sociales sortent de la clandestinité et les pouvoirs publics de leur isolement pour limiter la propagation de l’épidémie de VIH/SIDA en Afrique, ont estimé des chercheurs.

“Nous souhaitons qu’il y ait des ponts entre la recherche, la société et la décision politique : les chercheurs doivent sortir de leur tour d’ivoire et les acteurs politiques doivent comprendre l’intérêt des travaux de recherche dans la prise de décision politique”, a dit à PlusNews le scientifique sénégalais Cheikh Ibrahima Niang.

Cheikh Niang, de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, la capitale, est également le responsable de l’antenne ouest-africaine de l’Alliance pour la recherche sur les aspects sociaux du VIH/SIDA (Sahara), qui accueillait du 10 au 14 octobre la troisième conférence de ce réseau panafricain unique, qui réunit des universitaires du Sénégal, du Kenya et d’Afrique du sud.

“Etablir des ponts entre la recherche, l’action politique et les interventions” sur le terrain était justement le thème de cette rencontre, qui a réuni plus de 500 participants, des chercheurs mais aussi des associations de personnes vivant avec le VIH, des organisations de prévention et de prise en charge, des agences internationales ainsi que des responsables politiques.

“Cette rencontre est très importante, c’est un lieu de discussions très productif et un exemple rare de réseaux d’échange sud-sud”, a expliqué Annabel Desgrées du Loû, chargée de recherche à l’Institut français de recherche et de développement (IRD), estimant que la coordination entre la recherche et l’action était ‘mauvaise’.

“Cela dépend des pays mais en général, il y a vraiment un problème de dissociation entre la recherche et l’action politique”, a-t-elle affirmé, prenant l’exemple d’une étude réalisée par l’IRD en Côte d’Ivoire à partir de 1999 et qui portait sur l’importance des avortements chez les jeunes.

Selon la chercheuse, alors basée à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, l’étude avait révélé que la moitié des jeunes filles de moins de 25 ans avait, au moins une fois, eût à subir un avortement clandestin, une pratique illégale dans la plupart des Etats africains.

Qui nous écoutent ? se plaignent les chercheurs

Les conclusions de la recherche évoquaient l’absence d’informations à la disposition des adolescentes et des jeunes femmes, notamment en terme de modes de contraception, et mettaient en avant la nécessité d’une planification familiale adaptée à leurs besoins, permettant d’éviter stérilité, blessures et décès.

“Seules 10 pour cent des femmes utilisaient une contraception en 1997, une donnée qui a été publiée par une étude de démographie et de santé (EDS) en 2002”, a expliqué Mme Desgrées du Loû. “Il y avait clairement un manque d’offre de service de planification familiale et nous proposions des solutions.”

Or, a-t-elle dit, “personne ne nous a répondu” après que les résultats de l’étude aient été communiqués aux responsables politiques du pays. “En général, les décideurs ont peu de considération vis-à-vis de ce que la science peut leur offrir.”

Selon Karl Pektzer, un chercheur sud-africain membre de Sahara et du comité scientifique de la conférence de Dakar, les gouvernements ne rejettent pas tout ce qui est proposé par la science mais, a-t-il dit, «nous avons besoin de savoir pourquoi les recherches ne sont pas rapidement appliquées. Certaines le sont mais il y a énormément de difficultés».

Afin de créer des liens entre la recherche et les acteurs politiques, eux-mêmes peu informés des avancées scientifiques, un projet de l’Agence des Nations unies pour la science, l’éducation et la culture (Unesco) vise la publication sur internet et sur CD-Rom des documents de recherche selon un mode de lecture standardisé et accessible à tous -- notamment au personnel des administrations.

“Il s’agit de reconditionner les connaissances recueillies par le monde scientifique pour qu’elles puissent trouver une formulation politique”, a dit à PlusNews Vincent Mangis, consultant au sein du secteur sciences sociales et humaines de l’Unesco et responsable des méthodologies de transfert de connaissances vers la sphère politique dans le cadre de ce projet, baptisé MOST – en anglais ‘Management of social transformations’ ou gestion des transformations sociales.

Selon M. Mangis, le programme vise également à coordonner les travaux des chaires d’université mais aussi à organiser des rencontres régionales et internationales, à créer “un espace de dialogue” qui s’aventurerait au-delà de cette “mission d’interface entre la recherche en sciences sociales et la formulation de politiques publiques”.

Cette initiative, qui a démarré mi-2005, est aujourd’hui en phase de lancement et ne devrait pas être opérationnelle avant juin 2006, selon M. Mangis. Les documents et les études doivent désormais être collectés auprés des instituts de recherche partenaires du projet avant d’offrir aux internautes une diversité de travaux scientifiques propres à appuyer le processus de décision.

Des partenariats pour une réponse appropriée

Le réseau Sahara a ainsi exprimé son intérêt pour un tel projet, et doit désormais collaborer avec l’Unesco pour le partage des résultats de la recherche, selon Cheikh Niang et Vincent Mangis.

“Nous allons établir un partenariat scientifique pour que tous les documents sur lesquels nous travaillons soient accessibles”, a dit Cheikh Niang, point focal de Sahara en Afrique de l’ouest, assurant que tous les travaux de la conférence seront mis à la disposition des initiateurs du projet MOST et mis en ligne au profit des décideurs, des acteurs de terrain et des scientifiques.

Les chercheurs qui sont susceptibles de participer à cette banque de données sont contactés par l’institution à laquelle ils appartiennent, afin d’éviter les recherches non validées par des scientifiques, proposant des résultats douteux ou faux et une méthodologie discutable, selon Vincent Mangis.

Le projet MOST conclue à cet effet des accords avec des centres de recherche nationaux (comme des universités, notamment en Amérique latine) ou internationaux (comme Sahara), voire des gouvernements (le ministère chinois de la Santé par exemple).

Il pourrait intéresser l’IRD, selon Mme Desgrées du Loû, pour qui cette initiative revêt de grands avantages, notamment en terme d’accès aux résultats des scientifiques africains.

“Il existe un vrai besoin dans les Etats-membres de l’Unesco d’accéder à des documents utilisables et parmi la communauté scientifique de voir utiliser ses travaux”, a expliqué M. Mangis, ajoutant que cela permettait aussi aux chercheurs de se rendre compte des espaces libres de la recherche et ainsi d’investir des ‘vides’.

Pour le moment, le projet MOST n’a pas, selon ses initiateurs, de “contenu VIH”. Mais l’accord conclu la semaine dernière avec Sahara est prometteur.

“Nous souhaitons valoriser une masse critique de chercheurs qui feront la différence, ouverts vers l’extérieur mais qui utiliseront les méthodes et les techniques que les Africains auront choisi et qui leur conviennent”, a expliqué Cheikh Niang. “Nous ne voulons pas reproduire des modèles mais utiliser les nôtres et faire part de nos résultats.”

Des espaces à investir

Pour le chercheur Karl Pektzer, des initiatives locales existent qui illustrent la marge de manœuvre dont dispose le monde de la recherche. «A l’occasion de cette troisième conférence, une délégation de Sahara a rencontré le président de la République et son ministre de la Santé pour appuyer certaines études de cas présentées ici [au Sénégal] et qui peuvent être appliquées sur le terrain».

«Une rencontre s’est tenue récemment à Maputo, au cours de laquelle les ministres africains de la Santé ont entendu les politiques proposées par les chercheurs de Sahara. Tous les efforts sont combinés pour amener les gouvernements à mettre les approches en application», a-t-il expliqué.

Cette démarche est essentielle pour les scientifiques africains, selon Cheikh Niang, qui a avoué que certaines nouvelles idées dérangent les institutions, pas toujours à l’écoute de leurs chercheurs. “Les logiques ne sont pas les mêmes, chacun reste de son côté”, a-t-il dit.

Pourtant, a expliqué Cheikh Niang, la communauté scientifique au Sénégal a eu à rencontré les acteurs politiques locaux afin qu’ils soient impliqués dans la définition des protocoles de recherche et des priorités nationales en sciences sociales.

“Il faut recentrer la culture dans la construction des réponses au VIH, il faut tenir compte des croyances, de l’histoire, de l’identité des gens. L’Afrique doit réagir en fonction de ses propres modèles, elle doit prendre l’initiative et recentrer les personnes marginalisées au centre des débats”, a-t-il dit.

Pour les acteurs de la lutte contre l’épidémie et les personnes qui vivent avec le virus, le combat est d’importance, notamment en ce qui concerne la recherche vaccinale.

«Si on découvrait le vaccin, est-ce que le politique et le chercheur pourraient s’entendre ou assisterait-on à de nouvelles ruptures ?», s’est interrogé Clotaire Ouedraogo, de l’organisation non-gouvernementale Axios, au Burkina Faso. «Est-ce que les politiques trouveront le pont entre le vaccin et nos communautés ? Selon quels critères vaccineront-ils ? La classe politique doit établir une relation entre le fruit de la recherche et le développement.»

[FIN]




 
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