Le clergé catholique s’insurge contre la campagne pour l’utilisation des préservatifs

GAMBIE: Le clergé catholique s’insurge contre la campagne pour l’utilisation des préservatifs


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L’Eglise catholique conteste l’utilisation des préservatifs par la jeunesse gambienne

BANJUL, 20 septembre 2004 (PLUSNEWS) - L’Eglise catholique romaine s’oppose à l’utilisation des préservatifs pour freiner l’expansion du VIH/SIDA en Gambie et rejette la campagne de prévention et de distribution de contraceptifs bon marché lancée par le gouvernement en direction de la jeunesse du pays.

Lors d’un atelier financé par l’organisation de la jeunesse catholique Sida Service et qui s’est tenu début septembre à Banjul, le père Edward Gomez, un prêtre catholique bien connu pour animer des émissions télévisées sur les chaines nationales, s’est fait un devoir de clarifier la position de l’Eglise.

« L’Eglise n’enseigne pas que les préservatifs doivent être utilisés pour se prémunir contre le VIH/SIDA ou à des buts contraceptifs, » a dit le père Gomez.

Il a conseillé aux jeunes catholiques d’apprendre à connaître leur religion et son enseignement vis-à-vis de la pandémie afin d’éviter d’être « trompés par une opinion publique qui dit que l’accès aux préservatifs devrait être facilité pour ceux qui veulent avoir des rapports sexuels. »

Le père Gomez réagissait à la campagne médiatique de plus en plus agressive lancée par le programme national de commercialisation de biens d’utilité publique. Cette campagne vise à mettre les préservatifs et les pilules contraceptives à la portée de tous les Gambiens sexuellement actifs.

Pour leurs préservatifs, les initiateurs de la campagne ont conçu des emballages semblables aux boîtes de chocolat, vendus à très bas prix sous le nom de « Cool » ou « Kairo ».

Environ 85 pour cent de la population gambienne sont musulmans, mais les églises chrétiennes influent lourdement sur la vie sociale des 1,3 millions de personnes qui vivent dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, et notamment sur son élite.

La Gambie a un taux d’infection au VIH relativement bas, de l’ordre de 1,6 pour cent de la population âgée de 15 à 49 ans, selon les estimations officielles.

Néanmoins, les agences humanitaires craignent que l’épidémie soit beaucoup plus grave en raison de la hausse des abus sur mineurs dans ce pays tristement célèbre pour son tourisme sexuel.

Dans une récente étude, publiée en mai, le Fonds des Nations unies pour l’enfance, UNICEF, a mis en lumière l’importance des actes commis par les Gambiens eux-mêmes, désormais les plus nombreux à abuser des enfants.

L’étude a indiqué que la plupart des jeunes filles concernées souffraient de grossesses non désirées et des conséquences des avortements clandestins, et restaient vulnérables aux infections sexuellement transmissibles (IST) et au VIH/SIDA.

Entre 1986, date à laquelle le premier cas de sida a été découvert en Gambie, jusqu’en 2001, 1.500 personnes en sont mortes, selon le programme national de lutte contre le sida. Plus de 8.500 personnes vivent avec le virus.

Le Père Gomez reconnaît la réalité de la pandémie en Gambie.

« Le sida est réel et il existe dans notre pays, » a t-il affirmé aux jeunes catholiques.

« Ceux qui ignorent le virus et la maladie, ceux qui pensent que ce n’est qu’une diversion des Américains pour nous décourager d’avoir des relations sexuelles ne sont que des farceurs, » a t-il ajouté.

Le prêtre, qui administre l’unique cathédrale catholique de Banjul, s’est engagé à prendre ses responsabilités en donnant aux fidèles une « assistance morale » pour les protéger de l’infection au VIH.

John Sylva, le directeur du bureau catholique pour le développement de Banjul, a quant à lui livré une interprétation toute personnelle du slogan ABC, utilisé dans le monde entier pour se protéger du sida.

Pour ABC, qui signifie dans sa version anglaise « Abstenez-vous, Faites attention et Utilisez des préservatifs», Sylva suggère pour le « C » : « Changez de comportement ».

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