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Dimanche 25 décembre 2005
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TCHAD: Certificat de séronégativité contre avantages sociaux et financiers


[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]



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Au Tchad, les tabous qui entourent le virus et ses modes de transmission sont puissants

NDJAMENA, 1 mars (PLUSNEWS) - Pour séduire les filles ou obtenir un crédit, le Tchadien peut, moyennant une coquette somme, avoir recours au faux test censé prouver qu’il n’est pas infecté par le VIH et qu’il peut toujours rembourser ses créanciers.

C’est le cas de Paul, professeur dans un lycée de Ndjamena. Il avoue s’être procuré un faux certificat de séronégativité le mois dernier sans jamais être entré dans un centre de dépistage, ni s’être fait tester.

“Je l'utilise pour séduire les femmes et prendre des crédits chez les commerçants en attendant la fin du mois. Avec ça, les gens me font confiance”, explique Paul, ajoutant que c’est un parent qui travaille dans un centre de dépistage qui lui a fourni le précieux laissez-passer.

Jacob, lui, a payé 20 000 francs CFA (40 dollars) pour obtenir un test négatif, une fortune dans un pays où le revenu moyen par habitant est de 21 dollars par mois.

Depuis décembre, les tests de dépistage sont gratuits au Tchad alors qu’ils coûtaient auparavant 40 dollars à chaque volontaire qui se rendait dans un centre de dépistage.

“Le 1er décembre 2002, lors de la fête nationale du Tchad, un ami m'a dit qu’il pouvait me procurer un test négatif si je lui donnais 20 000 francs CFA”, explique ce mécanicien automobile, qui travaille dans un garage de la poussiéreuse capitale tchadienne.

“Cet ami m’a dit que cela me permettrait de trouver un travail, d’avoir des crédits et de draguer les femmes”, explique t-il.

Mais selon le coordinateur du programme national de lutte contre le sida (PNLS) au Tchad, ces cas restent des exceptions à l’heure où de plus en plus de Tchadiens se rendent volontairement dans les centres de dépistage pour se faire tester.

“Ces cas d’abus ne sont pas la règle”, a dit à PlusNews le docteur Donato Koyalta.

“Dans certaines situations, il faut montrer patte blanche”, reconnaît-il pourtant. “Par exemple, des familles exigent que leurs enfants se soumettent à un test de dépistage du VIH avant de les marier… Evidemment, certaines personnes cherchent à contourner les tests”.

Les premiers cas de fraude sont apparus au grand jour en l’an 2000, quand une jeune tchadienne testée positive au VIH a pu se marier en France grâce à un test négatif obtenu au Tchad.

Selon Koyalta, du PNLS, la fiabilité scientifique des tests n’est pas en cause, pas plus que la compétence des agents de santé chargés d’effectuer ces tests et dont la formation est assurée par l’Etat.

Mais la délivrance des certificats n’est soumise à aucun contrôle extérieur.

Pour obtenir de l’argent, mieux vaut montrer patte blanche

“Les hommes sont ce qu’ils sont”, déplore Koyalta. “Compte tenu de la pauvreté et du versement irrégulier des salaires, les problèmes d’éthique et de déontologie touchent de plus en plus de professions”.

L’obtention d’un certificat prouvant qu’une personne n’est pas infectée par le virus peut ouvrir des portes ou au contraire les fermer si le résultat est positif. Officiellement, pourtant, le test n’est pas exigé lors des démarches légales.

A Ndjamena, une usurière interrogée par un journaliste de la radio nationale tchadienne a affirmé qu’elle exigeait désormais de ses clients un certificat de séronégativité avant de prêter de l’argent.

L’usure étant une pratique interdite au Tchad, cette habitante du quartier populaire de Moursal a expliqué qu’elle ne pouvait réclamer de remboursement à la famille de ses débiteurs si ces derniers décédaient. Or, selon elle, plusieurs d’entre eux sont déjà morts du sida.

Depuis le lancement des programmes de dépistage volontaire au Tchad en 1999, la fréquentation des centres est en constante augmentation.

“Au début il y avait entre une et deux personnes par jour”, se souvient Denis Tatola, animateur du centre Al Nadjma, le centre national de référence en matière de dépistage volontaire, et lui-même séropositif.

Auparavant, les volontaires au dépistage étaient en majorité des expatriés. Désormais, témoigne Tatola, “la moyenne est d’environ sept personnes par jour et par centre”, toutes nationalités confondues.

Le Tchad dispose actuellement de 38 centres de dépistage répartis sur tout le territoire national. A terme, l’objectif du PNLS est d’installer un centre de dépistage dans chaque district sanitaire, soit 54 centres pour couvrir l’ensemble du pays.

“Nous pouvons évaluer à environ 5 000 le nombre de personnes dépistées en 2004, dont 3 000 à Ndjamena”, estime Michel Laoumaye, du centre de dépistage de l’hôpital général de référence nationale (HGRN) de la capitale.

“A cela s’ajoutent les dépistages involontaires, c’est-à-dire les patients venus pour d’autres consultations dans les hôpitaux et qui sont dépistées systématiquement pour permettre d’établir des statistiques nationales”, a-t-il ajouté.

Selon les données de l’Onusida, le taux d’infection parmi la population adulte était de 4,8 pour cent fin 2003.

L’intensification des campagnes d’information et de sensibilisation organisées par le PNLS depuis plusieurs années est l’une des raisons évoquées par les acteurs de la lutte contre le sida pour expliquer la hausse de fréquentation des centres de dépistage au Tchad.

Ils évoquent également l’effet positif de l’annonce d’une baisse du coût des traitements antirétroviraux par le président Idriss Déby en décembre dernier, ainsi que les efforts de prise en charge psychologique et sociale des personnes infectées par le virus.

Un traitement ARV coûte aujourd’hui 5 000 francs CFA par mois, soit environ dix dollars.

Mais les avantages sociaux liés à la production d’un certificat de non-infection par le VIH sont réels, comme en témoignent des habitants de Ndjamena.

“A Ndjamena, des personnes séronégatives se promènent avec les résultats de leur test dans leur poche ou dans leur sac”, explique un journaliste tchadien. “Elles n’hésitent pas à le brandir pour obtenir la confiance des gens, qui se méfient des ravages du sida”.

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