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Mardi 27 décembre 2005
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SWAZILAND: Le voeu de chasteté prononcé par les adolescentes les protégerait du VIH


[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]



©  IRIN

Les filles promettent de s’abstenir de toute relation sexuelle et de se dévouer à l’apprentissage des usages traditionnels Swazi

MBABANE, 25 août (PLUSNEWS) - Tandis qu’une génération de jeunes femmes swazi serait sur le point de renoncer au cours d’une cérémonie traditionnelle à un vœu de chasteté vieux de cinq ans, des responsables de la santé débattent de l’impact de ces usages sur la réduction du risque d’infection au VIH.

"Nous possédons de nombreux témoignages anecdotiques selon lesquels les filles se servent de ‘l’interdiction sexuelle’ comme un échappatoire, permettant d’éviter les rapport sexuels indésirables avec des petits amis trop exigeants ou même des hommes plus âgés", a dit Goodness Simelane, un conseiller VIH de Manzini, une ville commerçante du centre du pays.

"C’est assez pour montrer qu’il y a du bon dans la tradition – personne ne s’attendait à ce que la coutume élimine complètement les relations sexuelles avant le mariage”, a-t-il dit.

La tradition est connue sous le nom d’"umcwasho", en raison de la coiffe de laine parsemée de pompons que les jeunes femmes portent pendant cinq ans : bleu azur et jaune pour les adolescentes, de la puberté à l’âge de 18 ans ; rouge et jaune pour les jeunes femmes de 19 à 24 ans.

Cette tradition fut réintroduite en 2001, lorsque le gouvernement a essayé de relever le défi que représente le sida dans un pays où environ 40 pour cent de la population adulte est infectée par le virus VIH – le taux d’infection le plus élevé au monde.

"Je me sentais protégée des garçons lorsque je portais les pompons – les garçons les voyaient et restaient loin de moi”, a expliqué Nomthula Maphalala, une lycéenne de 16 ans qui vit à Nhlangan, la capitale du sud du pays.

Après avoir voyagé jusqu’au village royal de Ludzidzini, à 15 km à l’est de la capitale Mbabane, avec ses 150 camarades de la même tranche d’âge entassées à l’arrière d’un camion militaire, Nomthula s’est débarrassée de sa coiffe umcwasho, marquant ainsi la fin de son rite de passage.

“A une heure du matin, nous avons rassemblé tous les pompons en une grande pile. Aucun homme n’était autorisé à être à proximité lorsque nous avons fait cela. La nuit suivante, nous les avons brûlé – c’était comme jeter une partie de mon enfance", a dit Nomthula.

Sans la protection de la pratique de l’umcwasho, où les filles promettent de s’abstenir de toute relation sexuelle et de dévouer leurs efforts au progrès personnel et à l’apprentissage des usages traditionnels Swazi, les jeunes femmes comme Nomthula craignent avoir des problèmes avec des petit amis trop exigeants.

"Mon petit ami m’a dit que je devrai avoir coucher avec lui lorsque la période de l’umcwasho s’achèvera”, a rapporté Sylvia, l’amie de Nomthula.

Les responsables de la santé n’anticipent pas de débordements sexuels maintenant que la période de virginité est officiellement terminée, mais ils aimeraient voir toutes les adolescentes suivre une coutume qui ne concerne jusqu’à présent que les générations, soit environ tous les 25 ans. La dernière fois que l’umcwasho a été observé, c’était dans les années 1970.

"Il est possible que l’umcwasho contribue à faire baisser le taux d’infection parmi les adolescentes”, a dit M. Simelane.

Une étude sentinelle de surveillance de l’épidémie, rendue publique en avril par le ministère de la Santé, a révélé une baisse du nombre de filles infectées par le VIH, dont le taux est passé de 33,5 pour cent en 2002 à 29,3 pour cent en 2004.

Bien qu’ils aient souligné une marge d’erreur de plus ou moins trois pour cent, des analystes ont reconnu que, contrairement aux autres groupes d’âge Swazi, les données montraient une stabilisation du taux d’infection parmi les adolescents.

Pour Sipho Shongwe, le ministre de la Santé, ces statistiques prouvent que le Swaziland a tourné une page en matière de lutte contre le sida. Themba Dlamini, le Premier ministre, a adressé le même message au parlement la semaine dernière.

Mais les responsables de la santé ont aussi reconnu que les campagnes de prévention contre le sida et l’impact des enterrements successifs de parents et d’amis, morts de maladies opportunistes, auraient influencé les comportements sexuels des jeunes.

"Nous devons continuer d’encourager l’abstinence sexuelle chez les jeunes adultes âgés de 18 à 24 ans", a expliqué Thandi Hlengetfwa, le directeur de l’Organisation de soutien et d’information sur le sida (AIDS Information and Support Organisation), une organisation non gouvernementale basée à Manzini.

"Il s’agit de créer un environnement qui réduit les risques, en renforçant les lois à l’encontre de ceux qui commettent des abus sexuels, en donnant plus de pouvoir aux femmes afin qu’elles disent non aux relations sexuelles indésirables et en encourageant un changement de pratiques", a-t-il ajouté.

"Nous disons aux jeunes adultes de prendre leur propre vie en main, pour l’amour de leur propre personne et pour le future de la nation Swazi”, a noté Tshepo Motlhala, un créateur de mode, qui a conçu une campagne médiatique pour le Comité de réponse d’urgence national sur le VIH/SIDA (National Emergency Response Committee on HIV/AIDS), qui encourage les adolescentes à choisir l’abstinence.

Le thème de la campagne était 'Ngoba likusasa nelami', ce qui veut dire ‘Parce que demain m’appartient’ en SiSwati. L’un des emblèmes de cette campagne représentait une jeune fille habillée à la mode et portant une coiffe umcwasho.

Néanmoins, peu de jeunes citadines coquettes ont été aperçues portant la coiffe umcwasho durant les cinq années qu’a duré le rituel.

"C’est quelque chose que font les filles rurales parce que leurs chefs le leur impose", a expliqué Janice, une jeune ville allant au lycée de Manzini.

A peu près 20 pour cent de la population de ce pays d’un million d’habitants vivent dans en milieu urbain, mais une large majorité vit sur les terres communales de la Nation Swazi et doit suivre les règles des chefs nommés par le palais du roi. Certains proviseurs des lycées de campagne obligent les étudiantes à porter la coiffe umcwasho.

"Aucune fille que je connais ne porte l’umcwasho", a affirmé Vusi, une citadine de 20 ans. "Un garçon doit respecter une fille pour ce qu’elle est, et non pas pour ce qu’elle porte".

Abstraction faite de Vusi et de ses commentaires éclairés, les responsables de la santé et les Swazis ont lancé des appels dans la presse cette semaine demandant la ré-introduction immédiate de la période de virginité, alors qu’une nouvelle génération d’adolescentes entre dans la période au cours de laquelle elles ont le plus de risques de s’infecter.

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