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Mardi 27 décembre 2005
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AFRIQUE DU SUD: Enseignement pratique au camp Sizani


[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]



©  IRIN

Les enfants suivent un programme destiné à avoir des «compétences pour la vie».

MAGALIESBURG, 18 août (PLUSNEWS) - Sous le ciel bleu des montagnes de la Magalies, une ribambelle de jeunes garçons danse en se tenant par la taille autour de la piscine vide du Camp Sizani, à quelque 120 km de Pretoria, la capitale.

Ils sont originaires de Soweto, la plus grande commune du pays, située près de Johannesbourg. Ce sont des enfants vulnérables au VIH : leurs parents sont morts d’infections opportunistes, sont malades ou sans emploi. Certains d’entre eux sont issus de familles à problèmes ou trop pauvres pour s’occuper d’eux.

Créé sur le modèle des «camps d’été» à l’américaine, le camp Sizani est dirigé par HIVSA, le groupe de soutien psychosocial de l’unité de recherche sur la transmission périnatale du VIH (transmission de la mère à l’enfant) de l’université du Witwatersrand de Johannesbourg. Le camp offre à ces enfants dix jours de cours intensifs pour leur apprendre à survivre dans un monde qui, jusqu’à présent, leur a apporté beaucoup de peines et de déceptions.

La plupart des 150 garçons du camp découvrent pour la première fois les activités organisées par l’université : matchs inter-établissements, théâtre, arts ou artisanat. Mais surtout, ils mangent trois fois par jour.

«Le jour de mon arrivée ici, j’ai été complètement bouleversée», a déclaré Sassy Kohlmeyer, une Américaine qui apporte son aide dans des camps à l’étranger après avoir envoyé ses propres enfants en colonie, aux Etats-Unis. «Je n’ai jamais vu des enfants manger autant. Ils ont vraiment faim».

Huit fois par an, le camp reçoit des groupes d’enfants, bien souvent pauvres, qui n’ont ni modèles à suivre ni adulte pour s’occuper d’eux. Au camp, les enfants sont placés dans un environnement naturel où des conseillers tentent de renforcer leur estime de soi en leur apprenant à s’occuper d’eux-mêmes.

Comme l’explique Michelle Schorn, la directrice du camp, «ce que nous leur offrons, c’est un vaste groupe de soutien».

Au camp, les journées sont bien remplies : à quelques centaines de mètres de ceux qui dansent au son des tambours, des enfants suivent une leçon de basketball ; plus loin, un autre groupe apprend à planter un potager -- ceux qui le souhaitent pourront cultiver leurs propres légumes une fois chez eux avec l’aide des animateurs du camp.

D’autres enfants, assis en un vaste demi-cercle dans un bâtiment aux allures de hangar, débattent de sexualité avec un conseiller, ou «vocheli», un nom inventé qui plaît aux enfants ; dans la pièce à côté, d’autres encore fabriquent des cadres en carton. Chaque cadre, décoré de sable coloré, contient l’image d’un mannequin, tirée d’un magazine, qui sera remplacée plus tard par des photos des proches des enfants.

Les enfants sont au camp depuis trois jours seulement et la plupart sont encore trop intimidés pour parler, mais Tebogo Modise, un petit garçon à lunettes de 12 ans, originaire de Dobsonville, prend son courage à deux mains : «C’est sympa, ici, parce qu’on joue à des jeux et on fait de l’exercice», déclare-t-il. «Et on peut se faire des amis… j’en ai déjà cinq !». Modise affirme que sa mère est morte d’une crise d’asthme. Orphelin, il vit avec sa tante et son cousin.

«Au début, certains enfants avait perdu un de leurs parents ; certains étaient séropositifs, ou avaient des parents séropositifs – on avait beaucoup de mal à trouver des enfants issus de foyers sans parents. Un an plus tard, on peut aisément trouver 500 enfants dans cette situation – il y en a de plus en plus tous les jours», explique Mme Schorn.

Beaucoup d’enfants arrivent au camp sans même le strict minimum : une brosse à dents, quelques habits et des chaussures. L’équipe du camp fait un inventaire pour s’assurer que chacun a ce qu’il lui faut.

Cette initiative est financée par World Camps Inc. et l’Elton John AIDS Foundation (Fondation Elton John de lutte contre le sida). Le camp Sizani, que HIVSA espère racheter, peut accueillir 450 enfants. Toutefois, il ne dispose pas de fonds suffisants pour en accueillir plus de 150 à la fois.

Le prix d’un séjour de 10 jours s’élève à 343 dollars américains par enfant, ce qui comprend la formation dispensée par les conseillers, l’équipement, les vêtements, l’hébergement et la pension. Les enfants sont logés dans des cabanes, où ils dorment dans des lits superposés, sous la supervision de trois «vochelis» par cabane.

Les «vochelis» sont des bénévoles, jeunes chômeurs ou étudiants, qui reçoivent une formation spéciale. Selon Mme Schorn, les conseillers n’ont pas de difficulté à jouer les parents modèles sur une si courte période.

Les enfants suivent un programme complet, destiné à l’apprentissage de «compétences pour la vie». Le programme couvre divers sujets : puberté, sexualité, VIH/SIDA, observance des traitements antirétroviraux (ARV) et grossesse.

Selon Mme Schorn, il est essentiel d’assurer la sécurité des enfants au camp, beaucoup d’entre eux ayant été agressés sexuellement par des garçons plus âgés ou des adultes.

Landy Coleman, 24 ans, étudie les mouvements du corps humain. Il a travaillé dans des camps de vacances aux Etats-Unis. «Il est important que ces enfants apprennent à mieux se connaître. Ils n’ont pas l’habitude d’être stimulés de cette façon. On essaie pendant une courte période de leur faire faire des activités qui vont les aider à se découvrir et à découvrir leurs capacités et leurs talents», explique-t-il.

Selon Mme Schorn, «le huitième ou le neuvième jour, les enfants commencent à ne plus vouloir rentrer chez eux ; beaucoup se mettent à pleurer dans l’autocar. Ils nous disent “personne ne nous a crié après depuis dix jours"».

Les enfants ne sont pas abandonnés à leur sort après leur séjour au camp. Le programme se poursuit dans un club Soul Buddyz, créé pour eux à l’école primaire de Giyani, à Diepkloof, dans la commune de Soweto. Tous les samedis, les enfants s’y réunissent pour faire des activités similaires et exercer leurs capacités.

«Nous avons commencé avec une séance de deux heures le samedi, mais les enfants ne voulaient plus rentrer chez eux», raconte Mme Schorn.

[FIN]




 
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