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Dimanche 18 décembre 2005
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CÔTE D IVOIRE: Les soldats de la paix, un commerce lucratif pour les travailleuses du sexe


[Cet article ne représente pas le point de vue des Nations Unies]



©  IRIN

Dans la Côte d’Ivoire en guerre, les casques bleus sont souvent perçus par les jeunes filles comme la seule porte de sortie possible

ABIDJAN, 11 mai (PLUSNEWS) - Les soldats de maintien de la paix des Nations Unies et de la France en Côte d’Ivoire sont sensibilisés au VIH/SIDA avant d’être envoyés sur le terrain, mais leurs commandements éprouvent parfois des difficultés à les empêcher d’alimenter le commerce du sexe une fois sur place.

Ce soir-là, Candice et Juliette ont choisi de traîner devant l’hôtel Ibis à Marcory, l’un des quartiers préférés des militaires en quête de divertissement nocturne, proche de la Brigade d’infanterie de marine française (BIMA) qui abrite plusieurs centaines de soldats et leurs familles.

Agée d’à peine une vingtaine d’années, Candice a arrêté ses études après le lycée. Juliette a quelques années de plus, mais elle n’est pas allée au-delà du collège. Toutes deux disent que leurs choix sont limités.

“Il n’y a pas de travail”, se plaint Candice. “Si je ne viens pas ici, je reste à la maison toute la journée et je n’ai pas d’argent, je ne peux rien faire”.

Dans les bars d’Abidjan, la capitale économique et la plus grande ville de Côte d’Ivoire, beaucoup de jeunes filles sont disposées à avoir des relations sexuelles contre de l’argent ou des cadeaux.

Depuis le coup d’Etat manqué de septembre 2002, la Côte d’Ivoire est coupée en deux, le nord aux mains des rebelles et le sud sous contrôle des partisans du président Laurent Gbagbo.

A la suite de l’accord de paix de Marcoussis, signé en janvier 2003, les Nations Unies ont déployé une force de maintien de la paix composée de 6 000 casques bleus aux côtés d’un contingent français de 4 000 hommes.

Dans ce pays ravagé par la guerre civile, les quelque 10 000 soldats de la paix sont considérés par les prostituées ivoiriennes comme un commerce lucratif voire comme un moyen de quitter le pays.

“Certaines filles ont la chance d’avoir un soldat des Nations Unies qui leur paient le loyer d’une chambre où elles peuvent vivre”, a expliqué Candice. “Les soldats viennent les voir pour avoir des relations sexuelles et les filles cuisinent pour eux comme de vraies épouses”.

“Ca marche bien parce que quand les soldats ne sont pas là, elles peuvent avoir d’autres clients”, a-t-elle ajouté.

Les casques bleus devraient recevoir chacun quatre préservatifs par semaine

Selon le programme conjoint des Nations Unies sur le sida (Onusida), le taux de prévalence du VIH/SIDA avant 2000 était estimé à sept pour cent de la population.

Une enquête nationale de séroprévalence est en cours mais les organisations humanitaires travaillant sur place affirme déjà que ce taux pourrait aujourd’hui dépasser 10 pour cent.

Au sein de l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci), une équipe de cinq personnes mène des actions de sensibilisation au VIH/SIDA pour tout le personnel.

“Nous organisons des séances d’information et de sensibilisation pour tous les nouveaux arrivants, y compris le personnel civil, afin qu’ils sachent se comporter en conséquence”, a dit Dorcella Bazahica, qui dirige cette équipe.

Bazahica a expliqué qu’en principe chaque membre de l’Onuci devait recevoir quatre préservatifs gratuits par semaine mais qu’elle ne disposait que de 2 000 unités par semaine, pour 6 000 hommes.

“Nous avons fait les démarches nécessaires il y a plus de deux mois, mais nous attendons toujours de recevoir les stocks”, a dit Bazahica dans un haussement d’épaules.

La mission n’a pas non plus de kits de prévention du sida post-exposition (après un rapport sexuel à risque) ou PEP, a-t-elle ajouté.

Alan Doss, le représentant spécial adjoint de l’Onuci, a affirmé qu’on ne lui avait pas signalé ces ruptures de stocks.

Mais il a insisté sur le fait qu’un certain nombre de mesures avaient été prises pour décourager les employés des Nations Unies de se rendre dans les bars et les discothèques fréquentés par les prostituées.

“Si une voiture des Nations Unies est vue après 22h30 devant l’un de ces lieux, le chauffeur reçoit une lettre d’avertissement”, a expliqué Doss. “La deuxième fois, il est suspendu provisoirement de ses fonctions et la troisième, il lui est interdit de conduire une voiture des Nations Unies, tandis que ces informations sont officiellement consignées dans son dossier individuel”.

Le taxi, plus discret que la voiture siglée ‘Nations Unies’

Les employés des discothèques et des bars de la Zone Quatre et de Marcory, des quartiers connus pour leur animation nocturne, ont noté un changement depuis que ces règles ont été instaurées l’année dernière.

“Avant il y avait des files de voitures des Nations Unies à l’extérieur des bars et des boîtes dans les environs”, a raconté Amy – un nom d’emprunt – qui travaille dans un bar populaire de la Zone Quatre où une grande majorité des filles sont des travailleuses du sexe. “Mais depuis la fin de l’année dernière, ces hommes ne viennent plus beaucoup, ou alors ils viennent en taxi”.

Les soldats favoris de Candice et Juliette sont les militaires français parce qu’elles entretiennent l’espoir que l’un d’entre eux deviennent leur mari, leur compagnon ou au moins un client régulier qui les payent très largement.

“J’ai beaucoup d’amies qui sont mariées à des soldats français”, a affirmé Juliette, qui rêve d’aller vivre à Paris.

Selon les statistiques de l’opération Licorne, la force française de maintien de la paix en Côte d’Ivoire, sept de ses militaires ont passé la bague au doigt d’une jeune fille sur place.

Selon Licorne, les 4 000 soldats français de l’opération ont accès gratuitement à autant de préservatifs -- masculins et féminins -- qu’ils le souhaitent et il n’y a pas d’interdiction concernant leurs activités en dehors des heures de service.

“Les soldats sont parfaitement informés des risques élevés qu’ils courent à fréquenter des prostituées, soit par la distribution de livrets d’informations médicales ou par le biais des affiches de prévention”, a dit le colonel Henry Aussavy, porte-parole de Licorne.

Certaines prostituées ivoiriennes ont pourtant admis avoir eu des relations sexuelles non protégées avec les soldats.

“Les militaires ont généralement un stock suffisant de préservatifs, mais pas toujours”, a dit Juliette, qui a admis accepter ces relations non protégées pour un bon prix.

“Ce ne sont pas tous des hommes biens!”, s’est exclamé Candice. “Une fois, il y a eu ce soldat français, nous avons discuté le prix et il m’a emmenée dans son appartement quelque part en ville. Après [le rapport sexuel], il m’a frappée et a refusé de payer”, a-t-elle raconté.

Le comportement des soldats de maintien de la paix est devenu un sujet de préoccupation pour les Nations Unies. De récents scandales ont mis en cause des casques bleus, comme ceux de la Monuc, la mission onusienne en République démocratique du Congo, accusés d’abus et d’exploitation sexuels sur des jeunes filles du pays dans lequel ils étaient censés assurer leur mission.

Kofi Annan, secrétaire général de l’organisation des Nations Unies, a réclamé mardi du personnel supplémentaire pour la mise en place d’unités chargées de former ces casques bleus sur les questions d’exploitation et d’abus sexuels, afin de faire respecter les normes de conduite des Nations Unies et de recueillir les plaintes éventuelles.

Selon Licorne, aucune plainte n’a été déposée en 2004 contre l’un de ses hommes.

“Je n’ai pas d’informations pour la période avant 2004, mais depuis 2004 il n’y pas eu la moindre plainte pour des actes de cette nature”, a affirmé Aussavy.

Candice a dit n’avoir déposé aucune plainte officielle: “A qui?” a-t-elle demandé.

[FIN]




 
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